Le Conseil de sécurité de l'ONU, sous présidence russe en juin, a condamné mercredi «les violations persistantes du cessez-le-feu» dans l'est de l'Ukraine et réclamé «le retrait immédiat des armes lourdes conformément aux dispositions des accords de Minsk».

Rédigée par la France avec le concours de l'Allemagne, la déclaration adoptée à l'unanimité par le Conseil souligne aussi qu'il est «gravement préoccupé par la récente détérioration de la situation en matière de sécurité».

La dernière expression publique de l'ONU sur le conflit opposant l'Ukraine à des séparatistes prorusses remontait à janvier 2017. «Cela fait longtemps que le Conseil n'a pas adopté quelque chose sur l'Ukraine», s'est félicité devant des médias l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia.

Le texte «est très constructif, confirme la validité des Accords de Minsk, la seule plateforme permettant d'aboutir à une solution politique», a-t-il ajouté. «Et c'est particulièrement important en ce moment alors que certaines parties sabotent les accords de Minsk», a estimé le diplomate russe en visant implicitement Kiev.

En évoquant une «situation humanitaire tragique», le Conseil de sécurité insiste aussi «sur la nécessité d'intensifier les efforts déployés pour alléger les souffrances de la population civile touchée par le conflit».

C'est la première fois qu'un langage est agréé dans ce dossier sur la crise humanitaire, s'est réjoui devant des médias l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre. Le texte «envoie un signal fort sur la mise en oeuvre des accords de Minsk et souligne l'unité des membres du Conseil de sécurité» pour obtenir des avancées, a-t-il estimé.

La déclaration du Conseil survient alors que les chefs de la diplomatie française, allemande, russe et ukrainienne se réunissent lundi à Berlin pour relancer le processus de paix en Ukraine. La révision des sanctions européennes contre Moscou dépend des progrès, a souligné la France alors que le nouveau gouvernement italien réclame leur levée.

Interrogé sur l'idée d'une force de Casques bleus dans l'est de l'Ukraine, avancée en septembre par la Russie et restée lettre morte, Vassily Nebenzia a fait valoir que son pays était toujours en sa faveur pour aider à appliquer les accords de Minsk. Mais «certaines autres parties veulent que cette force se substitue aux accords, ce qui un problème majeur», a-t-il ajouté.

Les accords de Minsk, signés le 12 février 2015 sous l'égide de Paris, Berlin et Moscou, n'ont jamais permis de mettre fin au conflit, les séparatistes prorusses et l'Ukraine s'accusant d'exacerber les tensions dans un conflit qui a fait plus de 10 000 morts depuis 2014.