L'énergie solaire est en voie de se développer rapidement AU Nevada. Ne reste plus qu'à s'assurer que Washington appuie cette « révolution verte «. Si c'est le cas, on y verra peut-être apparaître « le système de centrales solaires le plus important de l'histoire de l'humanité.»

Le désert autour de Las Vegas est si chaud que les terrains de camping sont fermés durant l'été.

Rouler en décapotable est une folie réservée aux touristes romantiques: le soleil brûle la peau, et la brise est aussi agréable à respirer que l'air qui sort d'un sèche-cheveux.

 

Une heure de route dans les plateaux arides et infinis du Nevada suffit pour comprendre pourquoi l'armée américaine a choisi l'État pour tenir ses essais nucléaires dans les années 50.

Or, le Nevada se trouve aujourd'hui dans la ligne de mire des partisans de l'énergie propre. Pour eux, l'endroit n'est rien de moins que le «Moyen-Orient de l'énergie verte».

L'État compte 210 jours sans nuage par année, ce qui le place parmi les plus ensoleillés en Amérique du Nord. Et il est situé tout près de la Californie, le plus gros marché de l'énergie aux États-Unis.

«Le Nevada est assis sur une ressource énergétique propre et inépuisable, explique David Comarow, avocat et consultant indépendant en matière d'énergie solaire à Las Vegas. Il est grand temps que nous bâtissions le système de centrales solaires le plus important de l'histoire de l'humanité.»

Une dizaine de projets de centrales sont sur les planches à dessins dans le Sud-Ouest américain. Combinées, ces centrales pourraient produire l'équivalent de l'énergie de trois centrales nucléaires. Et, contrairement aux centrales nucléaires, qui prennent facilement de 10 années à construire, les centrales solaires sont opérationnelles en moins de deux ans.

Des miroirs suivent le soleil

Le plus récent exemple du potentiel énergétique du Nevada se trouve à 30 minutes au sud de Las Vegas, dans une zone désertique isolée.

Près des montagnes millénaires, 182 000 miroirs incurvés suivent la progression du soleil, d'est en ouest, du matin au soir.

Les miroirs bougent à coups de millimètres pour concentrer les rayons du soleil sur un tube rempli d'huile. L'huile chauffée à plusieurs centaines de degrés est ensuite utilisée pour faire bouillir de l'eau, dont la vapeur actionne des turbines électriques.

Selon les experts, ce système est plus efficace que les panneaux solaires traditionnels. Les centrales solaires thermiques permettent de transformer de 20% à 40% de l'énergie potentielle en électricité, contre 15% pour les panneaux photovoltaïques.

Inaugurée l'an dernier, la station baptisée Nevada Solar One est la centrale solaire thermique la plus moderne aux États-Unis. Elle produit 64 mégawatts, assez pour faire fonctionner simultanément 64 000 appareils d'air climatisé.

Le coût de la technologie solaire thermique est élevé: de 15 à 20 cents le kilowattheure. Des investissements durables dans la technologie pourraient faire chuter les prix autour de 10 cents, selon l'Emerging Energy Research, une firme de consultants de Cambridge, au Massachusetts.

Une énergie propre qui devient de plus en plus attrayante. En effet, la Californie est dans l'obligation d'atteindre un quota de 20% d'énergie propre d'ici 2010. Les mégawatts solaires du Nevada pourraient aider le plus gros États des États-Unis à atteindre cet objectif ambitieux.

Le poids de Washington

Comme l'énergie nucléaire, l'énergie solaire a besoin d'investissements fédéraux et de crédit d'impôts pour être compétitive, du moins dans les premières années d'une «révolution verte».

Or, le sort que lui réserve Washington repose dans les bureaux de scrutin, le 4 novembre prochain.

Pour Thomas Friedman, chroniqueur au New York Times et observateur attentif de la scène des technologies vertes, la question est simple: une administration McCain serait néfaste pour l'énergie solaire, alors qu'un gouvernement mené par Obama serait favorable à cette industrie.

Friedman, selon qui le passage de l'énergie fossile à l'énergie propre est «le plus gros projet industriel de notre génération», a récemment donné ses opinions dans un entretien diffusé sur les ondes de la radio NPR.

Depuis deux ans, a-il noté, le Sénat américain a voté huit fois pour reconduire les crédits d'impôt pour l'énergie solaire et éolienne. À chaque fois, le projet a été rejeté.

«Or, John McCain ne s'est présenté à aucun des huit votes, a dit Friedman. Barack Obama a assisté à trois votes, et a voté en faveur chaque fois.»

Selon lui, McCain trompe le public américain en répétant qu'il suffit de creuser, creuser, creuser pour produire plus de pétrole et faire baisser les prix à la pompe.

«C'est une position malhonnête, cela rend le public stupide, et, franchement, je trouve cela dégoûtant», a dit Friedman, lauréat de trois prix Pulitzer.

«Obama comprend les enjeux, et en parle souvent dans ses discours. Cela dit, je ne sens pas une passion chez lui pour l'énergie renouvelable. Je ne l'entends pas parler de l'immensité des défis qui nous attendent si nous voulons être des leaders mondiaux de l'énergie propre.»

Pour Friedman, la solution ne peut venir que des changements politiques profonds, d'où le slogan qu'il répète partout: «Il est plus important de changer ses dirigeants politiques que de changer ses ampoules», en référence aux nouvelles ampoules à faible consommation d'énergie, qui sont devenues le symbole de la conservation d'énergie ces dernières années.

Qu'on le veuille ou non, le rêve de l'Eldorado solaire du Nevada passe par Washington.

LA POSITION DES CANDIDATS

Barack Obama compte investir 15 milliards par année durant 10 ans pour favoriser

l'énergie verte et rendre le pays indépendant du pétrole du Moyen-Orient.

John McCain répète le slogan populiste Drill, baby, drill!, qui appelle à la production nationale de pétrole. Les États-Unis consomment 25% du pétrole de la planète, mais ne possèdent que 3% des réserves mondiales.

GOOGLE ET GE VEULENT DE NOUVELLES LIGNES

Capter l'énergie solaire dans le désert du Nevada est une chose. Envoyer l'électricité dans les demeures des Américains en est une autre. Aux États-Unis, les réseaux de transport de l'électricité sont désuets, et mal adaptés à la production d'énergie propre. Cet automne, Google et la firme GE ont uni leurs forces pour demander à Washington d'investir dans un nouveau réseau «digital «. Cette technologie permet aux consommateurs d'utiliser la source optimale d'énergie à un moment précis de la journée (le solaire à midi, par exemple), et fournit des données en direct sur la consommation d'énergie, ce qui permet d'adapter sa consommation au «pointes « du marché. «Notre vision pour l'électricité au XXIe siècle comprend des centaines de milliers de mégawatts d'énergie renouvelable, des millions de véhicules rechargeables, des dizaines de millions d'entreprises et de maisons «vertes», a récemment dit le directeur des changements climatiques et de l'énergie chez Google, Dan Reicher,

lors d'une rencontre au Sénat. Or, le plus grand obstacle à la réalisation de cette vision n'est pas technologique ou financier : il est au niveau des politiques gouvernementales.»

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Nevada

Capitale

Carson City

Plus grande ville

Las Vegas

Population

2 565 000

Rurale : 10%

Urbaine : 90%

Groupes raciaux et ethniques

Blancs : 59%

Latinos : 24%

Noirs : 8%

Anciens combattants 13%

Revenu médian 47 231$

Nombre de sénateurs

1 démocrate

1 républicain

Nombre de représentants :

2 républicains

1 démocrate

Nombre de grands électeurs : 5

Élection de 2000

Al Gore : 46%

GeorgeW. Bush : 49,5%

Élection de 2004

John Kerry : 47,5%

GeorgeW. Bush : 50,5%