Quatre mois après être apparu menotté sous l'accusation de tentative de viol à New York, l'ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, débarrassé des charges pesant contre lui aux États-Unis, s'explique dimanche soir devant ses compatriotes à la télévision.
C'est sur le plateau du journal télévisé le plus regardé de France, à 20h00 (18h00 GMT) sur la chaîne privée TF1, que l'ancien favori des sondages pour l'élection présidentielle de 2012 en France a décidé de donner sa première interview depuis que sa vie a basculé le 14 mai à New York.
Pour dire «sa part de vérité» sur une affaire qui a brisé le destin d'un des hommes les plus puissants au monde et «tourner définitivement la page», selon ses proches.
Alors que va déclarer aux Français cet homme de 62 ans contre lequel toutes les charges au pénal ont été abandonnées aux États-Unis et qui est rentré en France le 4 septembre libre, mais avec une image entachée par le déballage de sa vie sexuelle?
«Les Français attendent des explications, mais pas un déballage», a prévenu un de ses amis, le député socialiste Jean-Marie Le Guen. «Il sait qu'il a déçu. Il sait même qu'une certaine colère a pu s'exprimer», a-t-il ajouté dans un entretien au quotidien Le Parisien.
L'attente d'éclaircissements sur ce qu'il s'est passé entre lui et la femme de chambre Nafissatou Diallo dans la suite 2806 de l'hôtel Sofitel de New York reste immense. Si DSK a nié toute agression sexuelle comme l'en a accusé la Guinéenne de 32 ans, jamais il n'a donné sa version des faits.
Mais ses avocats lui ont conseillé ne pas entrer dans les détails et de rester davantage dans le mode de la contrition, comme lorsque fin août il a reconnu «une erreur» devant ses anciens collaborateurs du FMI.
Les poursuites pénales à New York ont toutes été abandonnées le 23 août, les procureurs estimant après trois mois d'enquête que son accusatrice avait trop menti pour être crédible et que même s'il y avait bien eu une brève relation sexuelle il ne pouvait être établi qu'elle avait été imposée.
Mais Dominique Strauss-Kahn devra aux États-Unis encore répondre de poursuites au civil.
Et en France faire face à la plainte de la journaliste et romancière Tristane Banon, 32 ans, qui l'accuse d'avoir tenté de la violer en 2003. Récemment interrogé par la police, il a concédé lui avoir fait des «avances», mais a nié toute agression.
Après le coup de tonnerre de l'arrestation puis l'ouragan médiatique du retour, ce sont maintenant les excuses de Dominique Strauss-Kahn et l'annonce de sa retraite politique qui sont attendues.
Cette affaire embarrasse clairement ses camarades du Parti socialiste en pleine campagne pour désigner leur candidat à la présidentielle lors d'une primaire organisée les 9 et 16 octobre.
L'ancienne patronne du PS en lice pour l'investiture Martine Aubry a récemment reconnu partager l'avis de «beaucoup de femmes sur l'attitude de Dominique Strauss-Kahn» à leur égard. Tandis qu'un autre candidat, Arnaud de Montebourg, a cette semaine réclamé «des excuses à toute la gauche» pour qu'elle retrouve «une normalité dans ce dossier».
Sidérés en mai de voir leur favori apparaître menotté à la sortie d'un commissariat de Harlem avant d'être envoyé quelques jours en prison comme un mauvais héros de série télé, la majorité des Français (53%) souhaitent pour leur part que M. Strauss-Kahn annonce son retrait de la vie politique, selon un sondage Ifop publié dimanche.
Il «n'a aucune stratégie de retour politique ou institutionnel» et il y a peu de chances qu'il intervienne dans la primaire socialiste, «ce n'est ni le moment ni son état d'esprit», a d'ores et déjà répondu Jean-Marie Le Guen.
L'interview sera menée par la journaliste Claire Chazal, une amie de son épouse Anne Sinclair qui l'a toujours soutenu. Une proximité d'ailleurs soulignée par les avocats de Nafissatou Diallo, qui ont mis en garde contre un «coup monté publicitaire» en vue d'une tentative de réhabilitation.
Deux organisations féministes, la Barbe et Marche Mondiale des Femmes, ont pour leur part appelé à un rassemblement devant le siège de TF1.