Au moins 18 soldats syriens ont été tués lundi dans une embuscade tendue par des rebelles sur la route Homs-Palmyre, dans le centre de la Syrie, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).        

« Au moins 18 soldats ont été tués et plus de 30 ont été blessés dans (...) une embuscade tendue à leur convoi, qui comprend des bus, des camions et des véhicules, circulant sur la route Homs-Tadmor (Palmyre) », a précisé l'ONG qui se base sur un réseau de militants et de médecins à travers le pays.

À travers la Syrie, 59 personnes, dont 34 civils et 21 soldats, ont été tuées lundi dans les combats et les bombardements aériens et à l'artillerie menés par les troupes du régime de Bachar al-Assad, selon un bilan provisoire de cette ONG.

Combats au sein des souks historiques



De violents combats entre soldats et rebelles ont secoué lundi les souks d'Alep, joyau historique classé par l'UNESCO dans la deuxième ville de Syrie, tandis que des raids aériens ont encore coûté la vie à des enfants dans le nord-ouest.

Le régime syrien, décidé à tout prix à écraser la révolte, a accusé les États-Unis d'oeuvrer à sa chute en utilisant comme prétexte le dossier des armes chimiques comme ils l'ont fait en Irak.

À Alep, deuxième ville du pays et enjeu majeur du conflit qui dure depuis plus de 18 mois, de violents combats se sont déroulés pendant plusieurs heures dans les souks historiques, déjà victimes de destructions durant le week-end.

« Le plus grand problème, c'est qu'on ne sait rien de nos échoppes, tout ce qu'on sait, on l'apprend par le bouche à oreille », se lamente un marchand de ficelles qui estime sa marchandise à des millions de livres syriennes.

Classés au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 1986, avec la vieille ville d'Alep, les souks et leurs quelque 1550 échoppes étaient depuis des siècles l'un des centres névralgiques du commerce au Moyen-Orient.

La France a exprimé lundi sa « vive condamnation suite à la destruction par les flammes du marché médiéval d'Alep causée par de violents bombardements ». Les portes de bois des échoppes, remplies d'étoffes et de broderies, s'étaient rapidement consumées après les premiers combats samedi.

Cinq de la quarantaine des marchés du souk, comme le souk des femmes, celui de l'or ou encore celui des abayas, ont été entièrement détruits, selon des témoins, même s'il reste difficile d'estimer les dégâts en raison des combats.

Toujours à Alep, de violents combats ont également éclaté dans d'autres secteurs. L'immeuble abritant le gouvernorat local a été la cible d'un tir, « provoquant la panique parmi les fonctionnaires », selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Au total, près de 56 personnes, dont 31 civils ont péri dimanche dans les violences à travers le pays selon un bilan provisoire de l'OSDH.

« Que Dieu te maudisse Bachar »

Ainsi, à Idlib, province voisine d'Alep dans le nord-ouest du pays, au moins 21 civils, dont huit enfants, tués dans un raid aérien mené par les troupes du régime de Bachar al-Assad sur la localité de Salqine, selon l'OSDH et des militants.

Une vidéo postée sur l'internet montre des images insoutenables de corps carbonisés et démembrés, dont ceux d'enfants. « Oh mon Dieu, mon fils est mort », pleure un homme devant un pick-up plein de corps. Trois enfants sont membres d'une même famille selon l'ONG.

La mort a frappé ailleurs dans le pays, dans les régions défendues farouchement par les rebelles comme à Deraa, berceau de la contestation, où au moins cinq personnes, dont une femme, son père et un rebelle, ont péri dans le pilonnage par l'armée, selon l'OSDH.

« Que Dieu te maudisse Bachar, toi, tes soldats et ta famille, nous nous vengerons », clame un homme dans une vidéo.

Au moins 18 soldats syriens ont par ailleurs été tués et 30 autres blessés dans une embuscade rebelle contre un convoi de voitures, de camions et de véhicules sur la route de Homs, dans le centre du pays, selon l'OSDH.

Le conflit a fait plus de 30 000 morts depuis le début du conflit en mars 2011, selon l'OSDH.

Une « chimère » des États-Unis

Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a accusé les États-Unis de vouloir répéter le scénario qui a mené à la chute du dictateur irakien Saddam Hussein, en prétextant la présence d'armes chimiques dans le pays.

« C'est une chimère qu'ils ont inventée pour lancer une campagne contre la Syrie comme ils l'ont fait en Irak », a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne arabe Al-Mayadeen, réalisée en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, et dont des extraits ont été rendus publics lundi.

L'argument des États-Unis de la présence d'armes de destruction massive en Irak avait servi à justifier l'invasion de ce pays en mars 2003 et s'était ensuite avéré faux.

M. Mouallem a toutefois gardé le flou sur la détention d'un tel arsenal par le régime, deux mois après que Damas eut reconnu pour la première fois posséder des armes chimiques et menacé de les utiliser en cas d'intervention militaire occidentale, mais jamais contre sa population.

« Ces armes chimiques en Syrie, si elles existent, et je dis bien si elles existent, comment est-il possible que nous les utilisions contre notre propre peuple? C'est du n'importe quoi », a-t-il dit.

La semaine dernière, le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta avait affirmé que Damas avait déplacé des armes chimiques pour les sécuriser. Washington est défavorable à une intervention armée en Syrie.

M. Mouallem a en outre estimé que des pays comme le Qatar « dépensaient des milliards de dollars pour faire assassiner le peuple syrien ».

La Turquie a par ailleurs évalué dimanche à près de 100 000 le nombre de Syriens réfugiés sur son territoire, et a réclamé une aide internationale pour continuer à les accueillir.

Au total, 93 576 réfugiés sont logés dans 13 camps dispersés dans le sud-est de la Turquie, frontalière avec la Syrie, selon Ankara.