Le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a estimé mardi que la Syrie était en situation de guerre civile.

Interrogé par des journalistes pour savoir s'il pensait que la situation Syrie avait atteint ce stade, M. Ladsous a répondu : « Oui, je pense que nous pouvons le dire. Ce qui se passe, c'est que le gouvernement syrien a perdu au profit de l'opposition de grandes parties du territoire et plusieurs villes, et qu'il veut en reprendre le contrôle ».

« Le niveau de violence augmente fortement », a-t-il ajouté.

Les observateurs de l'ONU pris pour cible

Les observateurs des Nations unies déployés en Syrie ont affirmé mardi que trois de leurs véhicules avaient « essuyé des tirs » près de la localité de Haffé, dans la province de Lattaquié (nord-ouest).

«Les observateurs de l'ONU qui tentaient de se rendre à Haffé ont dû faire face à une foule en colère entourant leurs véhicules, les empêchant de poursuivre leur chemin. Cette foule, qui semble être composée d'habitants de la région, a lancé ensuite des pierres et des barres de métal sur les voitures de l'ONU, affirme la Mission de supervision de l'ONU en Syrie (MISNUS) dans un communiqué.

« Les observateurs ont rebroussé chemin. Trois des véhicules de l'ONU ont essuyé des tirs alors qu'ils se dirigeaient vers la région d'Idlib », plus au nord, ajoute le communiqué. « La source des tirs n'est pas encore claire », précise-t-on.

«Tous les observateurs sont maintenant dans leurs bases et sains et saufs», poursuit le communiqué affirmant que les observateurs « tentent depuis le 7 juin de se rendre à Haffé et qu'ils en ont été empêchés par les violences qui se poursuivaient dans cette région ».

Peu auparavant, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane avait indiqué que les habitants du village proche de Chir, qui soutiennent le régime, «ont empêché» les observateurs de l'ONU d'arriver à Haffé en s'allongeant sur la route.

Au moins trente-six personnes, dont 24 civils, ont été tuées mardi alors que les troupes régulières bombardaient plusieurs localités du pays, dont celle de Haffé et de Homs, où des militants craignent de nouveaux massacres.

Depuis huit jours, les bombardements par l'armée régulière et les combats entre rebelles et soldats ont fait 120 morts à Haffé : 68 soldats, 29 civils et 23 combattants rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui a parlé de « dizaines de blessés » pour la journée de mardi.

L'agence officielle Sana a accusé pour sa part les observateurs de l'ONU d'avoir renversé en voiture des habitants de Chir, « blessant trois d'entre eux ».

« Les habitants de la province de Lattaquié ont tenté de raconter leurs souffrances, provoquées par les groupes terroristes armés, à une équipe d'observateurs qui passait dans leur village. Mais ceux-ci ne les ont pas écoutés et (...) les ont écrasés avec une de leurs voitures », a affirmé l'agence.

Selon Human Rights Watch, au moins 1176 enfants ont été tués depuis le début de la révolte en mars 2011.

Et selon l'OSDH, plus de 14 100 personnes ont péri depuis cette même date.