Un membre de la mission d'observateurs de la Ligue arabe en Syrie a présenté sa démission, accusant dans une interview à la chaîne al-Jazira le régime de mises en scène et de commettre des «crimes en série».

La démission de l'Algérien Anouar Malek est la première depuis le début le 26 décembre de cette mission de la Ligue arabe chargée de prévenir la poursuite de la répression, qui a fait, selon l'ONU, plus de 5000 morts depuis le début du soulèvement contre le président Bachar al-Assad il y a dix mois.

«J'ai présenté ma démission, car j'ai trouvé que je servais le régime (syrien). J'avais l'impression de donner à ce régime une plus grande chance de continuer à tuer et que je ne pouvais rien faire pour l'en empêcher», a déclaré l'observateur à la chaîne satellitaire du Qatar.

«J'ai vu un véritable désastre humanitaire. Le régime ne commet pas un seul crime de guerre, mais une série de crimes contre son peuple», a-t-il ajouté. «J'ai vu des corps calcinés, portant des traces de torture», a-t-il également indiqué.

«Les enfants sont tués, on les affame et on les terrorise», a ajouté l'ancien observateur.

M. Malek a passé 15 jours à Homs (centre), épicentre du soulèvement, qu'il a qualifiée de «ville sinistrée» et fait état de scènes insoutenables.

Depuis mi-mars, la Syrie est en proie à une révolte réprimée dans le sang, mais le régime n'en reconnaît pas l'ampleur et attribue les troubles à des «bandes terroristes armées» manipulées par l'étranger.

Mais l'observateur démissionnaire a assuré que les manifestations étaient «entièrement pacifiques», ajoutant n'avoir vu «aucune des milices armées dont parle le régime».

Il a assuré que «les observateurs ont été trompés» par le régime qui a systématiquement recours aux mises en scène pour faire croire qu'il se conforme à l'initiative de la Ligue arabe prévoyant le retrait des chars des villes et la libération des prisonniers.

«Ils n'ont pas retiré leurs chars des rues, (ils) les ont juste cachés et redéployés après notre départ», a-t-il dit.

«La libération de détenus était une mascarade, le régime enlève des gens dans la rue, les garde pendant quelques jours en prison et nous convoque pour les libérer en notre présence», a-t-il poursuivi.

«Quant aux prisonniers dont l'opposition nous a fourni les listes nominatives, aucun n'a été libéré», a dit M. Malek.

Il a en outre affirmé que le régime du président Assad avait «envoyé des espions et des membres des services de renseignement, agissant comme chauffeurs et accompagnateurs» de la mission. «Dès que nous quittions un secteur, les gens étaient attaqués», a-t-il assuré.

Le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi avait dénoncé mardi des attaques contre les observateurs en Syrie, ajoutant qu'il tenait le régime de Damas pour responsable de leur sécurité.