Au moins 27 membres de l'armée et des forces de sécurité syriennes ont été tués jeudi lors de combats avec des déserteurs dans la province de Deraa (sud), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Les combats ont eu lieu en trois lieux distincts, à des points de contrôle dressés dans cette province où a débuté il y a tout juste neuf mois la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad, a précisé l'organisation basée en Grande-Bretagne.

L'OSDH a en outre indiqué que parmi les victimes civiles des violences de mercredi figure une Irakienne tuée par un franc-tireur à la périphérie de Damas.

La répression violente de la révolte contre le régime du président syrien Bachar al-Assad a suscité jeudi de nouvelles condamnations de la France, de l'UE, et de Human Rights Watch qui a dénoncé les tirs massifs et sans discernement de l'armée sur les manifestants.

Les militants pro-démocratie ont appelé sur Facebook à de nouvelles manifestations vendredi, alors que la contestation est entrée jeudi dans son 10e mois, le régime se montrant indifférent à la multiplication des pressions.

À l'étranger, le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé a fait part de son exaspération face à la répression qui ne faiblit pas.

«Près de 5000 morts, 3 millions de Syriens affectés par la répression sanglante, d'innombrables exactions et crimes contre l'humanité quotidiens: combien de victimes faudra-t-il encore pour que le monde comprenne que Bachar al-Assad doit partir?», a-t-il dit lors d'une visite en Libye.

La France a en outre demandé à la Syrie de «respecter l'intégrité et la souveraineté territoriale du Liban», après une incursion d'une patrouille syrienne au Liban, qui a fait deux blessés la veille.

À Strasbourg, le Parlement européen a appelé M. Assad à «abandonner immédiatement le pouvoir» et à mettre fin à sa répression «brutale». Dans une résolution, le Parlement réclame également des sanctions supplémentaires de l'Union européenne.

«Plus de 5000 personnes sont mortes en Syrie. Cela ne peut plus durer. Au nom de l'humanité, il est temps pour la communauté internationale d'agir», avait déclaré mercredi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Le Conseil de sécurité des Nations unies n'arrive pas à se mettre d'accord sur une résolution condamnant la répression en Syrie, du fait de l'opposition de la Russie et de la Chine, qui disposent d'un droit de veto.

Human Rights Watch (HRW) a dénoncé pour sa part, dans un rapport réalisé à partir d'entretiens avec des soldats ayant fait défection, le comportement de commandants syriens qui auraient donné l'ordre de tirer aveuglément sur les manifestations.

Environ la moitié des déserteurs interrogés ont indiqué avoir reçu des ordres directs pour tirer sur les manifestants et sur les passants. L'un d'eux a indiqué qu'il avait été envoyé à Deraa et que son commandant lui avait donné l'ordre de tirer sur des manifestants le 25 avril.

«Le commandant de notre régiment, le Brigadier général Ramadan Ramadan disait «Ayez recours à des tirs nourris. Personne ne vous demandera d'explications». Normalement, nous devons économiser les balles, mais cette fois il a dit «utilisez autant de balles que vous voulez»», a-t-il indiqué, selon le rapport.

«Et quand quelqu'un demandait ce que nous étions censés viser, il disait, «tout ce qui se trouve en face de vous»», a raconté ce témoin.

Le régime d'Assad «a usé pendant les neuf derniers mois de tous les moyens violents possibles pour tenter de réprimer la Révolution, perpétrant des crimes contre l'humanité contre des vieillards et des enfants», ont accusé les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent les manifestations sur le terrain.

Le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition en Syrie, a appelé de nouveau la communauté internationale à protéger la population civile «par tous les moyens». Son premier congrès général se tiendra du 16 au 18 décembre à Tunis.

Un groupe d'opposants syriens affirmant représenter la majorité des mouvements d'opposition en territoire syrien a annoncé jeudi à Istanbul la création d'une «Alliance nationale» des forces révolutionnaires pour renverser le régime, précisant qu'il avait été accepté au sein du CNS.

Sur le plan diplomatique, l'Irak voisin a annoncé l'envoi prochain d'une délégation à Damas pour convaincre les autorités syriennes de mettre en application un plan de sortie de crise, a affirmé à l'AFP le premier ministre irakien Nouri al-Maliki.

Le Canada a, lui, invité ses ressortissants à quitter la Syrie, justifiant cet appel par les sanctions de la Ligue arabe contre Damas, qui doivent entraîner la réduction de moitié des vols commerciaux vers la Syrie.