Des militaires dissidents ont attaqué un centre des services secrets syriens mercredi, la première attaque de ce type en huit mois de contestation contre le régime, à qui la Ligue arabe a donné trois jours supplémentaires pour mettre fin à la répression.

Les États-Unis ont condamné cette attaque, estimant que les actes d'opposition violents font le jeu du régime. «Nous ne tolérons la violence ni de la part de l'armée syrienne et du régime, ni de la part de l'opposition», a déclaré un porte-parole du département d'Etat.

L'attaque du centre des services secrets a été menée à l'aube par «l'Armée syrienne libre», une force d'opposition armée dont la création a été annoncée en juillet par le colonel Riad al-Assaad, qui a déserté et s'est réfugié en Turquie, ont indiqué les Comités locaux de coordination (LCC).

«L'Armée libre a frappé avec des roquettes et des grenades RPG le centre des services de renseignements aériens situé à l'entrée de Damas», ont expliqué dans un communiqué les LCC, une organisation de l'opposition qui coordonne les manifestations sur le terrain contre le régime de Bachar al-Assad.

Aucune information sur d'éventuelles victimes, tant du côté des services secrets que des déserteurs, n'était disponible dans l'immédiat.

L'«Armée syrienne libre» a par ailleurs annoncé la création d'un conseil militaire provisoire pour faire tomber le régime, protéger la population et prévenir l'anarchie.

La Ligue arabe, qui s'est réunie mercredi soir à Rabat, «donne trois jours au gouvernement syrien pour arrêter la répression sanglante», a déclaré le Premier ministre du Qatar Hamad ben Jassem, faute de quoi des «sanctions économiques» seront adoptées contre Damas.

Soulignant que la patience des pays arabes était à bout, le ministre a déclaré: «Je ne veux pas parler de dernière chance pour qu'il (le régime syrien) ne pense pas qu'il s'agit d'un ultimatum, mais nous sommes presque au bout du chemin».

Pendant la rencontre à Rabat, les ambassades du Maroc et des Émirats à Damas ont été à leur tour la cible de manifestants pro-régime, qui ont multiplié depuis le week-end les violences contre les représentations arabes dans la capitale.

La Turquie et la Ligue arabe ont souhaité des «mesures urgentes pour protéger les civils» syriens, dans un communiqué conjoint à l'issue du Forum de coopération turco-arabe tenu à Rabat.

Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu et ses homologues arabes ont en revanche mis en garde «contre toute intervention étrangère en Syrie».

Selon l'opposition syrienne, les participants à la réunion de Rabat devaient se pencher entre autres sur la création d'un sanctuaire à la frontière syro-turque pour la protection des civils, avec l'envoi d'une mission d'observateurs.

La décision de suspendre la Syrie à partir du 16 novembre avait été adoptée le 12 novembre par 18 des 22 membres de la Ligue, qui a également menacé de sanctions le régime syrien car il n'applique pas un plan arabe prévoyant la fin des violences, la libération des manifestants et le retrait des forces armées des villes.

Damas risque «l'isolement» pour ne pas avoir «rempli les promesses qu'il a faites à la Ligue arabe» concernant la fin de la répression des civils, a averti M. Davutoglu.

Le Maroc a condamné l'attaque contre son ambassade à Damas, tout comme les Emirats, qui «rendent le gouvernement syrien responsable de la sécurité et de l'immunité de la chancellerie,» a déclaré le sous-secrétaire d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Joumaa al-Junaibi.

Washington a estimé «très inquiétante» la multiplication des attaques en Syrie contre les représentations de pays ayant critiqué le régime, accusant le «gouvernement et ses voyous».

Paris a rappelé son ambassadeur en Syrie, après des violences pendant le week-end qui ont aussi pris pour cibles des missions diplomatiques françaises dans ce pays.

La Syrie est secouée depuis la mi-mars par un mouvement de contestation sans précédent, qui tend à dégénérer en conflit armé.

Les défections et les affrontements entre soldats de l'armée régulière et déserteurs se sont multipliés ces dernières semaines dans le pays, où la répression de la contestation a fait plus de 3500 morts, selon l'ONU.

Mercredi, les violences ne faiblissaient pas, faisant au moins dix-sept morts dont huit militaires, selon des militants.