Les autorités syriennes ont intensifié les arrestations des dissidents et les perquisitions dans toutes les régions de Syrie dans une nouvelle tactique visant à faire cesser les manifestations qui secouent le pays depuis près de six mois. «Les arrestations et les perquisitions menées par les services de sécurité vont en s'intensifiant sur tout le sol syrien», ont affirmé plusieurs militants à l'AFP.

«Les personnes arrêtées sont sauvagement frappées et maltraitées. Les maisons sont saccagées», a raconté un militant.

Cette tactique a pour objectif de faire réduire les manifestations, mais celles-ci «se poursuivent dans toutes les régions» de même que la répression qui a fait mardi au moins trois morts à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, et à Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), alors que les militants sur le terrain ont appelé à des manifestations contre la Russie pour son soutien au régime.

À Homs, le cadavre d'un homme kidnappé quatre jours auparavant a été remis à sa famille, et un deuxième est décédé des suites de blessures subies samedi lors d'opérations militaires, dans cette ville du centre du pays, a ajouté l'OSDH.

Dès lundi soir, des manifestations ont eu lieu à Deraa (sud) et à Homs (centre). Les protestataires ont brûlé le drapeau russe et dénoncé le soutien de Moscou au régime du président syrien Bachar al-Assad, accusant la Russie de «participer ainsi à l'assassinat du peuple syrien».

Par ailleurs, au moins 34 personnes ont été interpellées dans la ville de Zabadani à 50 km à l'ouest de Damas, où l'armée s'est déployée à l'aube, selon l'OSDH et les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la mobilisation.

Des militants avaient appelé à «une journée de colère» mardi pour protester contre le soutien russe au régime malgré la répression qui a fait au moins 2600 morts selon l'ONU sans pour autant faire taire la contestation déclenchée à la mi-mars.

Lundi, le président russe Dmitri Medvedev a jugé inutile d'imposer de nouvelles sanctions au régime syrien, allié de longue date de Moscou qui bloque une résolution du Conseil de sécurité condamnant la répression en Syrie.

Le Conseil de sécurité s'est limité jusqu'à présent à une simple déclaration sur la Syrie, adoptée début août et d'une valeur moindre qu'une résolution.

Contrairement à la Russie, l'administration américaine a souhaité lundi obtenir à l'ONU une résolution assortie de sanctions sur la Syrie.

«Il est temps que le Conseil de sécurité de l'ONU agisse plus fermement. Nous continuons à consulter à New York. Nous voulons une résolution avec des sanctions», a déclaré la porte-parole du département d'État Victoria Nuland

Les autorités ont par ailleurs arrêté une psychanalyste de renom à l'aéroport de Damas alors qu'elle s'apprêtait à se rendre à Paris. «Ma femme, le Dr. Rafah Nached, a été arrêtée samedi par des agents des services de renseignement de l'armée de l'air, lors du premier contrôle des bagages au départ de l'aéroport international de Damas», a affirmé son mari Faisal Mohammad Abdallah dans un communiqué parvenu mardi à l'AFP.

Lors d'un point de presse à Paris, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, a demandé aux «autorités syriennes de libérer cette personnalité médicale éminente, connue internationalement». «Une fois de plus, les autorités syriennes font la preuve de leur mépris des droits de l'homme les plus élémentaires», a-t-il ajouté.

Au début d'une tournée dans des pays du «Printemps arabe», le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde pour sa part contre une «guerre civile» en Syrie, où la répression a fait lundi 23 morts, dont 17 à Hama (centre), selon les militants.

«Je crains que les choses ne tournent à la guerre civile entre alaouites (branche de l'islam à laquelle appartient le président Assad) et sunnites», a déclaré M. Erdogan dans un entretien publié mardi par le quotidien égyptien Al-Chourouk.

Enfin, quelque 176 associations travaillant dans les pays arabes ont demandé au secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, d'agir pour mettre fin aux violences en Syrie, en soutenant la prise de sanctions contre les responsables de la répression.

Nabil al-Arabi a affirmé samedi être parvenu à un accord sur les réformes avec le président Bachar al-Assad lors d'une brève visite en Syrie, première initiative concrète de la Ligue arabe depuis le début de la contestation contre le régime syrien, le 15 mars.