Les forces syriennes poursuivaient leur offensive mardi à Hama (centre-ouest), au lendemain d'une journée qui marquait le début du Ramadan, mois sacré pour les musulmans, et au cours de laquelle 24 personnes ont été tuées par les troupes gouvernementales dans le pays, ont annoncé des militants des droits de l'Homme.

Dix personnes ont été tuées à Hama, l'un des foyers de la contestation contre le pouvoir syrien, qui est la cible depuis dimanche d'une vaste opération militaire destinée à étouffer le mouvement de contestation, a affirmé mardi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, basé à Londres.

Six personnes ont aussi été tuées à Irbine, dans la banlieue de Damas, trois dans la province de Homs (centre), deux à Al-Boukamel (est), près de la frontière avec l'Irak, deux à Lattaquié (nord-ouest), et une à Maamadamiyé, près de Damas, précisait-on de même source.

Quelque 1700 civils syriens sont morts dans la répression depuis le début de la révolte, selon des organisations de défense des droits de l'Homme. Mais Damas conteste ce bilan, pointant du doigt un complot fomenté depuis l'étranger et accusant des extrémistes religieux d'être derrière la contestation.

Omar Hamaoui, un militant basé à Hama, a déclaré par téléphone à l'Associated Press que les forces gouvernementales avaient avancé de 700 mètres dans l'ouest de la ville pendant la nuit, prenant de nouvelles positions près de maisons et d'immeubles. Il a ajouté qu'on pouvait entendre des tirs de mitrailleuses dans certaines parties de la ville mardi matin, après des pilonnages sporadiques pendant la nuit.

Par ailleurs, l'Italie a rappelé son ambassadeur en Syrie pour des consultations, évoquant l'»horrible répression contre la population civile». Il devait rentrer mardi soir. L'Italie est le premier pays de l'Union européenne à prendre une telle mesure. La secrétaire d'tat aux Affaires étrangères Stefania Craxi a précisé mardi qu'elle était prise «pour envoyer un signal fort de condamnation pour la répression inacceptable».

Dans un communiqué, le ministère italien des Affaires étrangères souligne que Rome exhorte tous les pays de l'Union européenne à rappeler leurs représentants en Syrie.

Cet appel n'a pas été suivi dans l'immédiat par les pays membres de l'Union européenne. La Belgique, la Grande-Bretagne, le Danemark, l'Espagne et la Suède n'avaient pas de projet similaire dans l'immédiat. Aucune mesure de rappel de représentants basés en Syrie n'a été prise au niveau européen, ont assuré des responsables à Bruxelles. La France a aussi fait savoir qu'aucune mesure de ce type n'était imminente, laissant entendre que Rome n'avait pas fait part de cette proposition par des voies diplomatiques officielles.

À Bruxelles, l'Union européenne a décidé d'imposer un gel des avoirs et une interdiction des déplacements à cinq nouveaux responsables de l'armée et du gouvernement syriens. Le journal officiel de l'Union européenne précise mardi que le ministre syrien de la Défense, Ali Habib Mahmoud, et le patron des services de sécurité intérieure, Tawfiq Younes, font partie de ces responsables. Cette liste comprend désormais 35 personnes, dont le président syrien Bachar el-Assad.

«Nous sommes plus que jamais déterminés à maintenir et accroître la pression sur le régime pour que le sang cesse de couler en Syrie», a affirmé dans un communiqué la porte-parole adjointe du ministère français des Affaires étrangères, Christine Fages. «Nous attendons que le Conseil de sécurité des Nations unies s'exprime fortement et clairement, et tout particulièrement après la répression sanglante qui a fait plus de 100 morts à Hama», a-t-elle ajouté.

Le chef de la diplomatie britannique William Hague a affirmé dans un communiqué que le renforcement des sanctions de l'Union européenne envoyait un message «clair et sans équivoque» à la Syrie.