L'Égypte a prolongé d'une journée la période de scrutin pour l'élection présidentielle, après avoir constaté le faible taux de participation depuis deux jours.

Selon l'opposition et d'autres observateurs, le faible taux de participation démontre le mécontentement face à la campagne qu'a menée le candidat favori, Abdel-Fattah el-Sissi, non seulement de ses ennemis islamistes mais aussi du public, qui craint que le général à la retraite n'apporte aucune solution à la crise que traverse le pays, et que l'Égypte retournera à ses réflexes dictatoriaux, comme au temps de l'ancien dirigeant Hosni Moubarak.

Tout au long de la deuxième journée d'appel aux urnes, mardi, les autorités et des partisans de M. el-Sissi ont encouragé les électeurs à aller voter. Les bureaux de vote déserts ont provoqué la déception des supporters du candidat vedette, qui, sur les réseaux télévisés locaux, ont reproché à leurs concitoyens leur absence aux urnes.

Les premières estimations du taux de participation sont de 35% des quelque 54 millions d'électeurs, a rapporté le directeur de la commission électorale à la station de télévision MBC-Misr. En 2012, lors de l'élection qui avait couronné Mohammed Morsi, le taux était de 52%.

La commission électorale a indiqué que sa décision de prolonger la période de vote répondait à des demandes d'électeurs. Selon les responsables, des gens se seraient plaints de la chaleur extrême, et les travailleurs auraient eu du mal à voter à l'extérieur de leur ville d'origine. Les deux partis dans la course ont déploré l'extension.

Les Frères musulmans, un groupe politique islamiste, ont appelé à boycotter le suffrage, ce qui signifie que beaucoup de leurs supporters sont sans doute restés chez eux. Cependant, plusieurs dans les rangs islamistes ont affirmé ne pas avoir voté car ils étaient déçus de M. el-Sissi et de cette élection qui ne leur donnait aucune option.

L'ancien général el-Sissi a donné peu de solutions concrètes pour résoudre la crise économique que traverse le pays - sinon que de demander aux Égyptiens de se serrer la ceinture. Il a mis de l'avant sa discipline militaire et a promis qu'il ne tolérerait aucune dissidence ni protestation qui menacerait la stabilité du pays. Il a fait quelques apparitions télévisées, mais aucune en public.

Selon certains, le ton qu'il a utilisé était empreint d'arrogance et révélait qu'il prenait ses appuis pour acquis.

Il ne fait aucun doute, depuis le début de cette campagne, que le général el-Sissi, qui a mené l'opération derrière le renversement de l'ancien président islamiste Mohammed Morsi, gagnera contre son seul opposant, Hamdeen Sabahi.

Cependant, l'équipe de M. Sabahi, un politicien de gauche, ont cherché à mobiliser ses partisans afin de démontrer à l'Occident ainsi qu'aux opposants locaux que le renversement de M. Morsi, le premier président élu démocratiquement, n'était pas un coup d'État mais une révolution populaire.

Des millions de personnes ont pris les rues d'assaut pour protester contre le règne de M. Morsi avant qu'il ne soit destitué par l'armée, sous les ordres de M. el-Sissi.

Depuis les dix derniers mois, le gouvernement et les médias louangent M. el-Sissi, en faisant de lui le sauveur de l'Égypte. «Nous voulons l'Égypte, et el-Sissi est l'Égypte», a affirmé Seham Sayed, une femme de 40 ans qui, avec une dizaine d'autres, attendait dans un bureau de vote dans le quartier Imbaba.