Les troupes syriennes ont lancé dimanche un assaut meurtrier sur un village de la province de Hama (centre) et bombardaient Douma, près de Damas, un mois après l'annonce officielle d'un cessez-le-feu accepté par le régime et la rébellion, mais continuellement ignoré.

Ces opérations de l'armée ainsi que de nouveaux combats entre soldats et déserteurs, qui ont fait au total 23 morts, interviennent à la veille de nouvelles sanctions européennes et alors que près des deux tiers des observateurs de l'ONU sont désormais déployés dans le pays.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a rapporté que «cinq civils, dont une femme, avaient été tués par des tirs des forces gouvernementales lors de l'assaut sur (le village de) Tamanaat al-Ghab dans la province de Hama».

En outre, 18 personnes ont été blessées, dont trois grièvement, et de nombreuses habitations incendiées, selon l'OSDH, qui a également fait état de bombardements sur une autre localité de la région.

Des vidéos mises en ligne par des militants ont aussi montré des tirs de roquettes, notamment sur Qousseir, dans la province de Homs (centre), où deux civils ont péri selon l'OSDH, ainsi que dans la province de Deraa (sud) où cinq soldats ont perdu la vie dans des combats.

Au total, les violences qui ont éclaté dans plusieurs provinces à travers le pays, notamment dans la banlieue de Damas, ont tué 16 civils, cinq soldats et deux rebelles, selon un décompte de l'OSDH.

Le régime de Bachar al-Assad, qui ne reconnaît pas la contestation, affirme lutter contre des «bandes terroristes» et leur impute les attentats qui frappent le pays depuis décembre 2011.

Plusieurs attaques, dont celle qui a fait jeudi 55 morts à Damas, ont été revendiquées par un groupuscule obscur apparu au début de la révolte, le Front al-Nosra, dont les affiliations sont inconnues.

Damas a assuré voir dans ces attentats l'«empreinte d'Al-Qaïda» et le ministre de l'Information, Adnane Mahmoud, a dénoncé une «escalade terroriste», née de «l'alliance terroriste et sanglante entre les bandes armées et Al-Qaïda avec des États de la région et occidentaux qui les arment et les financent».

Le colonel Riad Assaad, chef de l'Armée syrienne libre (ASL) qui regroupe essentiellement des déserteurs, a pour sa part affirmé au quotidien koweïtien Al-Raï que «si le réseau Al-Qaïda est réellement présent en Syrie, cela s'est produit avec la coopération des services de renseignements» syriens.

Les violences se poursuivent alors que 189 observateurs internationaux sont actuellement sur le terrain. À terme, 300 d'entre eux doivent être déployés, pour une durée initiale de trois mois, afin de surveiller l'application du plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan.

La communauté internationale a été jusqu'à présent incapable de mettre fin aux violences qui ont fait, selon l'OSDH, plus de 12.000 morts depuis le début en mars 2011 de la révolte populaire qui s'est ensuite militarisée.

L'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW), a accusé le régime de ne pas se conformer au plan Annan qui prévoit, outre l'arrêt des hostilités, la libération des détenus incarcérés dans le cadre de la révolte. Ils sont plus de 25.000 actuellement, selon l'OSDH.

Dénonçant des arrestations arbitraires et des mises à l'isolement de militants pacifiques ou de médecins soignant des manifestants, HRW en a appelé au Conseil de sécurité de l'ONU ainsi qu'à la mission d'observation pour pousser le régime à les libérer.

Au Liban voisin, des affrontements meurtriers se poursuivaient dimanche à Tripoli (nord) entre quartiers hostiles et favorables à la révolte en Syrie, faisant 2 morts, selon un correspondant de l'AFP sur place.

À Istanbul, les deux journalistes turcs libérés samedi après deux mois de détention en Syrie ont raconté avoir vécu «dans l'ombre dans la mort» pendant leur captivité, notamment aux mains des miliciens pro-régime.

«Après notre enlèvement, nous avons vécu pendant 11 jours dans l'ombre de la mort. Ils ont mis leur pistolet sur notre tempe», a déclaré le journaliste Adem Özköse. «C'était une torture, mais nous n'avons pas été victimes de tortures physiques. Ils nous ont beaucoup menacés».