Trente-quatre civils, dont dix enfants, ont été tués jeudi par les forces de sécurité en Syrie, où le régime réprime dans le sang depuis dix mois un mouvement de contestation populaire, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Le bilan de la journée s'est élevé à 34 civils tués par les forces de sécurité dans plusieurs régions de Syrie, notamment à Homs» (centre), a déclaré à l'AFP le président de l'organisation, Rami Abdel Rahmane.

En outre, sept déserteurs et huit soldats de l'armée régulière ont trouvé la mort jeudi dans les violences, dont un colonel tué à Homs, selon l'OSDH basé en Grande-Bretagne.

À Homs, berceau de la contestation, l'armée a lancé une offensive jeudi soir sur le quartier de Karm al-Zeitoune, tuant 26 civils, dont neuf enfants, et faisant des dizaines de blessés.

Dans la ville rebelle de Hama (centre), où l'armée syrienne avait lancé mardi une vaste offensive mardi, quatre civils sont morts dont une femme de 58 ans, tuée par des snipers, selon la même source.

Un a été tué dans la province d'Idleb (nord-ouest), et deux autres dans la banlieue de Damas.

Dans la province de Deraa, un adolescent a été tué et trois autres personnes blessées par des tirs aveugles des forces

Ces informations ne peuvent être confirmées sur le terrain en raison des restrictions imposées par les autorités à la libre circulation des journalistes étrangers.

Manifestation pro-Bachar al-Assad

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté jeudi à Damas et dans d'autres villes de Syrie pour exprimer leur soutien au président Bachar al-Assad et leur refus de toute ingérence étrangère dans les affaires de leur pays, ont rapporté les médias officiels.

Dans le centre de Damas, ils étaient des dizaines de milliers rassemblés depuis jeudi matin sur la place Sabeh Bahrate brandissant des drapeaux de la Syrie et des portraits du président.

«Jamais un peuple dirigé par Bachar ne sera vaincu» ou encore «nous sommes tous Bachar, tous des révolutionnaires», pouvaient-on entendre lors du rassemblement alors que les haut-parleurs diffusaient des extraits de discours de M. Assad ainsi que des chants patriotiques.

Les manifestants s'en sont en outre pris à la Ligue arabe accusée de vouloir internationaliser la crise, et scandaient notamment «la trahison arabe de la Ligue arabe».

La télévision syrienne diffusait dans le même temps des images en direct de manifestations de soutien au régime qui, selon elle, se déroulaient à Hassaké (nord-est), où la population est essentiellement kurde, à Alep (nord), à Deir Ezzor (est) et à Lattaquié et Tartous (ouest).

Sur ces images, les manifestants arboraient des drapeaux syriens mais aussi de la Russie, grand allié de la Syrie qui reste opposé à toute résolution de l'ONU qui soutiendrait des sanctions unilatérales prises contre Damas.

Parallèlement, le quotidien gouvernemental Techrine a accusé certains régimes arabes d'implication «dans des efforts visant à entraver un règlement, et d'implication directe ou indirecte dans les meurtres et les actes de sabotage», alors que les violences ont fait, selon l'ONU, plus de 5.400 morts depuis le début à la mi-mars d'un mouvement de contestation réprimé dans le sang.

Damas a rejeté en bloc un plan de règlement proposé dimanche par la Ligue arabe prévoyant à terme le départ du président Assad, considérant qu'il s'agissait d'une «atteinte» à la souveraineté syrienne.

Selon des diplomates à l'ONU, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne travaillent avec les pays arabes sur un projet de résolution qu'ils veulent soumettre au vote lundi ou mardi prochain.