Le chef de la diplomatie de la rébellion libyenne, Mahmoud Jibril, a déclaré jeudi qu'il souhaitait que les États-Unis reconnaissent officiellement les rebelles libyens, à la veille d'entretiens à la Maison-Blanche.

Interrogé sur la chaîne CNN sur ce qu'il attend des entretiens qu'il aura vendredi avec l'administration américaine à la Maison-Blanche, Mahmoud Jibril a déclaré: «nous avons besoin d'être reconnus» officiellement par les États-Unis.

Le responsable du Conseil national de transition (CNT) souhaite que le CNT soit reconnu comme «l'unique représentant légitime du peuple libyen», a-t-il ajouté.

À l'inverse de la France, de l'Italie, du Qatar et de la Gambie, les États-Unis n'ont pas officiellement reconnu le CNT, qui siège à Benghazi (est de la Libye), comme le représentant légitime du peuple libyen, à la place du régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans à Tripoli.

Washington a dit jusqu'à présent vouloir attendre d'avoir «une meilleure vision» de l'identité des rebelles avant d'avancer dans cette direction. Mais un émissaire américain, Chris Steens, s'est rendu le mois dernier à Benghazi, afin de discuter de l'aide humanitaire américaine et d'aborder les dossiers de la démocratie et des droits de l'homme.

M. Jibril sera reçu vendredi à la Maison-Blanche par le conseiller du président Obama pour la Sécurité nationale, Tom Donilon.

M. Donilon «se réjouit de recevoir le Dr Mahmoud Jibril et la délégation du Conseil national de transition (CNT) vendredi après-midi», a annoncé la Maison-Blanche dans un bref communiqué. M. Jibril «rencontrera aussi de hauts responsables de l'administration», a poursuivi la présidence, sans évoquer de rencontre avec le président Barack Obama.

L'annonce de la visite de M. Jibril intervient alors que les rebelles semblent gagner du terrain face aux troupes du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi après avoir repris mercredi l'aéroport de Misrata, ville assiégée depuis plus de deux mois.

L'Union européenne a annoncé l'ouverture prochaine d'un bureau à Benghazi, deuxième ville de Libye et «capitale» de la rébellion. Et le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, est attendu jeudi à Londres pour discuter de la mise en place d'un bureau permanent.

M. Jibril a été reçu mercredi au Congrès par le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry. M. Kerry a annoncé après la rencontre qu'il élaborait une loi permettant d'utiliser, au profit des rebelles, certains avoirs gelés du colonel Kadhafi.

Le secrétaire d'Etat adjoint James Steinberg a par ailleurs indiqué que les Etats-Unis encourageraient de futurs dirigeants libyens à participer à une nouvelle enquête sur l'attentat de Lockerbie, pour lequel un Libyen, Abdelbaset al-Megrahi, a été condamné.

Interrogé à ce sujet au Congrès, M. Steinberg a répondu: «je les encouragerais, nous espérerions qu'ils le fassent».

Des élus américains ont appelé l'administration Obama à exiger que les rebelles s'engagent à collaborer à une nouvelle enquête, voire à extrader Abdelbaset al-Megrahi, s'ils veulent être reconnus par Washington.

Mais M. Steinberg a refusé de s'engager dans cette voie, jugeant préférable que la Libye future collabore à l'enquête de son propre chef plutôt que d'y être contrainte.

Le sénateur démocrate Robert Menendez, qui a rencontré M. Jibril, a indiqué que ce dernier lui avait dit qu'un futur gouvernement dirigé par la rébellion serait prêt à coopérer avec les Etats-Unis à une nouvelle enquête.

Abdelbaset al-Megrahi a été condamné en 2001 pour l'attentat du 21 décembre 1988 contre un avion de la Pan Am qui avait explosé au-dessus de la localité écossaise de Lockerbie, tuant 270 personnes, dont nombre d'Américains.

Seul condamné pour cet attentat, il avait été libéré par la justice écossaise pour des raisons humanitaires, après que des médecins lui eurent diagnostiqué un cancer de la prostate qui ne lui aurait laissé que trois mois à vivre. Il est toujours vivant, près de deux ans après son retour triomphal en Libye.