Mouammar Kadhafi a échappé à une frappe aérienne de l'OTAN qui a tué un de ses fils et trois de ses petits-enfants dans la nuit de samedi à dimanche à Tripoli, selon un porte-parole du régime qui a dénoncé une tentative d'assassinat du dirigeant libyen.

L'Alliance atlantique a reconnu avoir frappé «un poste de commandement et de contrôle» dans la zone, mais n'a pas confirmé la mort du fils Kadhafi.

Samedi soir, des frappes ont également touché Misrata, ville rebelle assiégée depuis deux mois à 200 km à l'est de la capitale, où la matinée a été relativement calme après plusieurs jours de violents combats autour de l'aéroport.

Dans la nuit, Moussa Ibrahim, le porte-parole du gouvernement, a annoncé que la maison de Saif al-Arab Mouammar Kadhafi, 29 ans, un des six fils du colonel Kadhafi, avait été «attaquée avec de puissants moyens» qui ont tué le jeune homme et trois petits-enfants du dirigeant libyen.

Il a dénoncé «une opération visant à assassiner directement le dirigeant de ce pays» ajoutant que «le Guide (Mouammar Kadhafi) et sa femme étaient dans la maison», mais n'ont pas été blessés.

Dimanche après-midi, il a précisé à la presse qu'il ne s'agissait pas du plus jeune des fils du dirigeant, comme indiqué dans un premier temps, mais celui né juste avant le cadet.

Dans la nuit, M. Ibrahim avait accompagné la presse devant une habitation bombardée à Tripoli. Au vu de l'ampleur des dégâts, il semblait peu vraisemblable que quelqu'un qui se trouvait sur les lieux ait pu survivre.

Saif al-Arab n'occupait pas de poste officiel connu. Mouammar Kadhafi avait déjà perdu une fille adoptive en 1986 lors d'un bombardement américain à Tripoli.

Le premier ministre britannique, David Cameron, a assuré que les frappes de l'OTAN étaient «conformes à la résolution des Nations unies», tout en refusant de commenter «des informations non confirmées» sur la mort du fils Kadhafi.

Du côté de l'OTAN, le général Charles Bouchard, commandant en chef de l'opération, a indiqué que l'organisation regrettait «toute perte de vie, particulièrement celle de civils innocents» soulignant que «toutes les cibles de l'OTAN» étaient «de nature militaire».

La Russie a dénoncé l'usage «disproportionné» de la force en Libye par la coalition doutant que les frappes de l'OTAN n'aient pas pour cible le dirigeant libyen.

Dans le fief des insurgés, Benghazi, après la liesse des rebelles à l'annonce de la mort du fils du dirigeant, le doute commençait à s'installer dans les esprits quant à la véracité de ces informations.

«La vérité c'est que la nouvelle ne peut être vérifiée», a déploré Jalal al-Gallal, membre du Conseil national de transition, organe politique des rebelles.

Dans l'après-midi, la télévision libyenne a diffusé des images de prélats représentant différentes confessions religieuses, notamment catholique, orthodoxe, copte et musulman, se recueillant devant quatre corps recouverts de draps -deux recouverts d'un drap vert et deux plus petits enroulés dans un drap blanc.

«Les responsables religieux présentent leurs condoléances pour les pertes subies par Mouammar Kadhafi» annonçait la télévision dans un bandeau.

Depuis le début de l'intervention militaire internationale le 19 mars, nombre de responsables politiques des pays engagés, tout en réclamant le départ de M. Kadhafi, ont répété que le mandat de l'ONU prévoyait de protéger les civils, pas de tuer le dirigeant libyen.

Mais certains sont restés plus ambigus. Le 20 mars, le ministre britannique de la Défense, Liam Fox, avait ainsi estimé qu'il y avait «une possibilité» que le colonel Kadhafi soit directement visé.

En Italie, interrogé par la presse sur la menace proférée samedi par M. Kadhafi de «transférer la bataille en Italie», le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni avait estimé qu'elle «ne doit pas être sous-évaluée».

Plus tard dans la journée, le ministère italien des Affaires étrangères a dénoncé des «actes de vandalisme» commis contre «plusieurs ambassades étrangères à Tripoli dont celles d'Italie».

Dans les montagnes berbères de l'Ouest, plusieurs salves de roquettes Grad sont tombées samedi soir et dimanche sur Zenten, selon un correspondant de l'AFP. Les rebelles signalaient des chars pro-Kadhafi à l'est et au sud-est de Zenten.

À la frontière tunisienne, les insurgés tenaient toujours le poste de Dehiba, où le flot de réfugiés libyens ne tarissait pas dimanche matin, la police tunisienne ayant enregistré la veille le chiffre record de 4.970 personnes en une journée.

Selon des rebelles, des combats les ont opposés aux pro-Kadhafi dans la nuit de samedi à dimanche à 7 kilomètres de là.

Par ailleurs, la Grande-Bretagne a indiqué dimanche «enquêter» sur une possible destruction d'un de ses bâtiments officiels à Tripoli.