Les combats en Libye se concentraient jeudi autour de Misrata et Zenten, deux villes-clés, après le recul des forces du régime contesté devant les rebelles, près de trois mois après le début d'un conflit qui semble s'enliser malgré l'intervention militaire internationale.

Entre-temps la situation humanitaire se dégrade avec des camps débordés par des milliers de résidents étrangers attendant de partir, la difficulté de traiter tous les blessés par manque de moyens et des bilans qui ne cessent de s'alourdir certains faisant état de milliers de morts depuis le 15 février.

Malgré la pression militaire de l'OTAN, les sanctions financières internationales, un embargo sur les armes et le gel de ses avoirs pour le pousser à partir, le dirigeant Mouammar Kadhafi ne donne aucun signe d'une intention de quitter le pouvoir qu'il accapare depuis plus de 40 ans.

Ses forces, dont les capacités ont été pourtant réduites par les multiples frappes aériennes internationales depuis le 19 mars, continuent de tenir malgré la prise de Misrata par les rebelles pour qui cette ville est importante pour avancer vers la capitale Tripoli, bastion du régime.

Aidés des frappes de l'OTAN, les insurgés ont chassé les pro-Kadhafi hors de la troisième ville du pays située à 200 km à l'est de Tripoli, et ont réussi à en sécuriser le port.

Mais Misrata reste néanmoins encerclée par l'armée du régime, et les combats se poursuivaient dans la zone de l'aéroport, à quelques km à l'ouest de la ville, où se trouve une grosse concentration de pro-Kadhafi, selon les rebelles.

Alors que la seule voie de ravitaillement y est la mer, un nouveau bateau de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a débarqué dans la nuit de la nourriture et des médicaments, selon des journalistes de l'AFP.

Parallèlement, au moins un bateau chargé d'armes est arrivé au port, selon des sources rebelles.

Selon le Croissant rouge, les violences dans la ville ont fait environ 1.500 morts, habitants et rebelles, depuis le soulèvement le 19 février.

Au sud-ouest de Tripoli, des milliers d'insurgés défendant la ville de Zenten ont réussi à repousser mercredi les pro-Kadhafi, après une journée de combats et bombardements, a constaté une équipe de l'AFP. Mais une dizaine de roquettes Grad ont été tirées sur la ville tôt jeudi.

De nombreuses familles ont fui Zenten en direction de la frontière tunisienne, selon un témoin.

Le poste-frontière proche a été pris par les rebelles mais des «concentrations» de forces loyalistes y étaient signalées mercredi, laissant penser qu'une contre-offensive se prépare, selon une source militaire occidentale.

Depuis plusieurs jours, les habitants de l'Ouest signalent une recrudescence des combats, les pro-Kadhafi, stationnées dans la plaine, tentent de couper les communications entre les localités de cette zone montagneuse.

Alors qu'aucune des deux parties en conflit ne semblaient prendre un avantage déterminant sur l'autre et sans signe d'un changement à la tête du régime dans l'immédiat, l'OTAN a décidé d'installer un représentant de l'alliance à Benghazi (est) afin de nouer des contacts avec l'opposition.

Les États-Unis ont eux autorisé explicitement leurs ressortissants à acheter du pétrole aux rebelles qui exploitent les champs de l'un des principaux pays producteurs de pétrole d'Afrique, après avoir débloqué une aide non militaire urgente de 25 millions de dollars aux rebelles.

Pour l'ambassadeur américain à Tripoli rappelé à Washington, Gene Cretz, la peur est le principal élément empêchant de nouvelles défections autour du dirigeant contesté. Tout en jugeant «très difficile» de connaître le bilan des morts du conflit, il a dit avoir vu «des chiffres allant de 10.000 à 30.000».

La Russie, de son côté, a dit ne pas envisager de convoquer une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye, malgré une demande du gouvernement libyen pour discuter de la «tentative de prendre pour cible» M. Kadhafi et du bombardement de «sites civils».

Enfin, une équipe d'experts de la commission d'enquête indépendante de l'ONU sur les allégations d'atteintes aux droits de l'Homme en Libye se trouve depuis mercredi en Libye. M. Kadhafi fait l'objet d'une enquête de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité.