S'il veut relancer l'économie américaine et assurer sa réélection, Barack Obama devrait orchestrer en 2011 et 2012 une épreuve de force avec l'Iran sur son programme nucléaire, quitte à déclencher une guerre avec la République islamique.

La suggestion ne vient pas d'un faucon néoconservateur, mais du doyen des chroniqueurs politiques de Washington, David Broder, qui se fait souvent l'apôtre d'une approche centriste ou bipartite.

«Je ne suggère pas, bien sûr, que le président fomente une guerre pour être réélu. Mais la nation lui apportera son soutien parce que l'Iran est la plus grande menace à laquelle fait face le monde en ce début de siècle», a écrit Broder dans les pages du Washington Post le 31 octobre. «S'il peut affronter cette menace et contenir les ambitions nucléaires de l'Iran, il aura rendu le monde plus sûr et pourrait être considéré comme un des présidents ayant le mieux réussi dans l'histoire.»

Tourné en ridicule par certains commentateurs, le conseil de David Broder ne représente pas moins une variation sur un thème populaire dans la presse américaine après le verdict des élections de mi-mandat: la politique étrangère et la sécurité nationale permettent parfois à des présidents affaiblis dans leur propre pays de décrocher un succès qui rehausse leur popularité ou leur prestige.

Barack Obama a semblé vouloir accréditer cette thèse en choisissant d'entamer une tournée en Asie seulement trois jours après le sévère revers électoral des démocrates. Le moment de son départ a suscité une certaine controverse, de même que sa première destination, l'Inde, qui est devenue un synonyme de délocalisation pour plusieurs Américains.

Mais la Maison-Blanche a tenté de faire valoir que la tournée asiatique s'inscrivait dans l'objectif de l'administration démocrate de doubler les exportations américaines. En arrivant en Inde, le président a d'ailleurs annoncé la signature de contrats d'une valeur de 10 milliards de dollars devant créer 54 000 emplois.

«Notre mission est de créer des emplois ici, aux États-Unis», a déclaré Barack Obama à la veille de son départ de Washington.

Après sa visite en Inde, le président s'arrêtera en Indonésie, en Corée du Sud, où le G20 se réunira, et au Japon, hôte du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique. Le sommet du G20 lui permettra de rencontrer le président chinois Hu Jintao, avec lequel il évoquera les taux de change entre le yuan et le dollar.

La soi-disant «guerre des devises» forcera également le président Obama à donner à plusieurs autres dirigeants asiatiques et européens des explications sur la décision de la Fed de soutenir l'économie américaine en imprimant 600 milliards de dollars pour acheter des obligations que le Trésor américain émet pour rembourser ses anciens emprunts.

Cette décision met non seulement la pression sur Pékin, mais elle punit également les pays européens et émergents en favorisant la montée de leur monnaie.

En tant que président, Barack Obama peut dicter les mesures de son pays dans plusieurs dossiers liés à la politique étrangère. Le traité START de désarmement nucléaire avec la Russie n'est cependant pas l'un de ceux-là. Conclu en avril dernier, cet accord doit être ratifié par les deux tiers du Sénat, un objectif qui paraît difficilement atteignable après la réduction de la majorité démocrate au sein de cette chambre.

Les gains des républicains au Congrès leur permettront également d'exercer une plus grande pression sur le président dans les autres dossiers de politique étrangère qui domineront les deux prochaines années, que ce soit la guerre en Afghanistan, le processus au Proche-Orient ou le programme nucléaire en Iran.

Le sénateur républicain de Caroline-du-Sud, Lindsay Graham, a donné une idée de la position républicaine dans le dossier iranien samedi. Alors qu'il intervenait dans le cadre d'une importante conférence sur la sécurité internationale à Halifax, il a évoqué la possibilité d'une guerre en Iran pour réduire à néant ses ambitions nucléaires.

Si le président Obama «décide d'être dur avec l'Iran au-delà des sanctions, je pense qu'il va sentir beaucoup de soutien de la part des républicains, car nous ne pouvons pas laisser l'Iran construire une arme nucléaire, a-t-il dit. «La dernière chose que l'Amérique veut est un autre conflit militaire, mais la dernière chose dont le monde a besoin est un Iran possédant des armes nucléaires.»