La police du Bangladesh a ouvert le feu sur la foule, dimanche, pour tenter de stopper des militants violents d'un parti islamiste qui manifestaient contre l'exécution d'un de leurs leaders, faisant au moins quatre morts.

Ces violences ont éclaté alors que le parti Jamaat-e-Islami a fait respecter une grève générale d'une journée à travers cette petite nation d'Asie du Sud, à la suite de l'exécution, la semaine dernière, d'Abdul Quader Mollah pour des crimes de guerre commis lors de la guerre d'indépendance contre le Pakistan, en 1971.

Trois hommes ont été tués par balle à la suite de heurts dans un district du nord du pays, a annoncé Praful Kumar, un médecin d'un hôpital gouvernemental.

Un autre individu a perdu la vie et 15 autres ont été blessés dans des violences similaires survenues entre la police et des militants du parti islamiste, et ce toujours dans le nord du pays.

Ces incidents surviennent alors que les tensions politiques sont en hausse au pays. Au moins 24 personnes ont été tuées dans des heurts opposant des manifestants pro et anti-gouvernementaux et la police depuis l'exécution du leader islamiste, jeudi dernier.

Selon le parti de ce dernier, l'exécution était politiquement motivée. Les autorités soutiennent plutôt que l'homme a été jugé et condamné en suivant les lois.

Au dire du gouvernement, des soldats pakistanais, aidés par des collaborateurs locaux, dont Mollah, ont fait au moins trois millions de morts, en plus de violer 200 000 femmes pendant la guerre de neuf mois contre Islamabad.

Dimanche, toujours, des milliers d'hommes d'affaires se sont pris les mains dans les rues de Dhaka, la capitale, et dans d'autres grandes villes, réclamant la paix et condamnant la violence. Ces personnes portaient de petits drapeaux blancs symbolisant la réconciliation. Plusieurs entreprises ont souffert d'une série de grèves générales et de blocus mis en place par l'opposition au cours des derniers mois.

Alors que le parti Jamaat-e-Islami a protesté contre l'exécution, plusieurs des 160 millions de citoyens du pays ont félicité le premier ministre Sheikh Hasina pour avoir jugé et exécuté Mollah.

Les partis d'opposition protestent également contre la décision de l'État d'aller de l'avant avec des élections nationales prévues pour le 5 janvier. L'opposition veut plutôt que le gouvernement démissionne et cède le pouvoir à un organisme indépendant chargé de superviser le scrutin.

M. Hasina s'est quant à lui engagé à poursuivre les procès des suspects de crimes de guerre et de garder le cap électoral malgré les appels à sa démission.

La plupart des gens poursuivis pour crimes de guerre sont liés à l'opposition. Le parti Jamaat-e-Islami est pour sa part exclu des élections de janvier.

Photo MUNIR UZ ZAMAN, AFP