L'Inde a mobilisé l'armée pour venir en aide aux victimes des inondations provoquées par une mousson précoce dans le nord du pays, où un millier de personnes pourraient avoir péri dans les intempéries qui ont emporté maisons, ponts et routes, isolant davantage des provinces himalayennes difficiles d'accès.

Les pluies torrentielles, environ quatre fois et demie plus importantes que d'ordinaire, ont fait au moins 138 morts dans l'Uttarakhand et deux États voisins, selon le dernier bilan officiel qui date de jeudi.

Mais les autorités religieuses locales craignaient un bilan beaucoup plus lourd, évoquant le chiffre de plus d'un millier de victimes.

«Il y a des corps un peu partout et nous estimons que plus de 1000 personnes ont péri», a déclaré Ganesh Godiyal, président d'une fondation rassemblant plusieurs sanctuaires dans les villes de Kedarnath et de Badrinath.

Une parlementaire de l'État a même parlé de 2000 morts, sans que les services d'urgence puissent confirmer. «La zone est complètement détruite, il ne reste rien», a assuré à l'AFP Shaila Rani Rawat.

Plus de 33 100 personnes isolées ou coincées en raison des voies d'accès coupées ont été secourues jusqu'à présent par l'armée, qui a profité de quelques heures de beau temps jeudi, mais il en reste encore 50 400 à aller chercher, a déclaré Ajay Chadha, le chef de la police de la frontière indo-tibétaine jeudi soir.

«Nous espérons récupérer toutes les personnes vivantes, puis nous irons chercher les morts», a-t-il ajouté depuis New Delhi.

Dix mille soldats appuyés par une vingtaine d'hélicoptères ont été déployés pour porter secours aux sinistrés, aux touristes et aux pèlerins, nombreux à se rendre dans «l'État des dieux» qui doit son nom à la multitude de ses temples et sanctuaires hindous.

«Nous sommes 3000 à être coincés à Gangotri (un lieu de pèlerinage) depuis plusieurs jours. Nous n'avons pas de nourriture, pas d'eau potable et aucune nouvelle du gouvernement», s'est indigné Parwinder Singh, un pèlerin, à la télévision CNN-IBN, par téléphone. «C'est très difficile de bouger de là».

Crues et glissements de terrain ont détruit de nombreuses maisons, des immeubles, emporté des véhicules, des ponts et des petites routes, coupant du monde des villages entiers.

Quarante camps d'accueil pour les 10 000 premiers réfugiés évacués ont été dressés. Quatorze tonnes de nourriture ont été envoyées par les airs dans les endroits les plus reculés, selon l'armée et le gouvernement.

Le premier ministre indien Manmohan Singh a lancé un appel aux dons via internet, demandant à «tous les habitants de l'Inde de soutenir nos concitoyens qui sont dans la douleur».

À New Delhi, la rivière Yamuna approchait la cote historique de 1978 lorsque la crue avait paralysé une partie de la capitale indienne.

Au Népal voisin, le bilan a été revu à la hausse, à 39 morts, selon Laxmi Prasad Dhakal, chef du centre national des opérations d'urgence.

«Le bilan devrait s'aggraver parce que les zones concernées sont isolées et nous continuons à rassembler des informations» sur les conséquences des intempéries, a-t-il dit.

L'arrivée de la mousson avec deux semaines d'avance sur la date habituelle a pris par surprise les autorités du pays et a mis une nouvelle fois en lumière les lacunes des plans de prévention et de secours.