La Birmanie a fait l'objet de discussions à huis clos mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU, la Chine et la Grande-Bretagne émettant des avis opposés sur l'opportunité pour le Conseil d'examiner les lois électorales de ce pays.

Ces consultations se tenaient à l'initiative de la Grande-Bretagne après la promulgation en Birmanie de nouvelles lois électorales écartant des prochaines élections la grande figure de l'opposition Aung San Suu Kyi.

C'était la première fois depuis août dernier que le Conseil étudiait la situation dans ce pays. Ces discussions survenaient à la veille d'une réunion informelle du Groupe des amis de la Birmanie, au siège de l'ONU à New York.

L'ambassadeur de Grande-Bretagne, Mark Lyall Grant, a indiqué que de nombreux membres du Conseil avaient exprimé leur préoccupation au sujet des nouvelles lois électorales birmanes qui, a-t-il dit, «sont loin de satisfaire aux attentes de la communauté internationale pour un processus libre et équitable» et également très en-deçà des attentes du Conseil de sécurité.

Il a rappelé que le Conseil avait plusieurs fois affirmé l'importance d'une libération de tous les prisonniers politiques, y compris Mme Suu Kyi, de l'ouverture d'un dialogue national et de la création des conditions nécessaires à une réconciliation.

La junte militaire birmane a promulgué début mars des lois qui préparent les premières élections législatives depuis 20 ans et qui interdisent aux détenus d'appartenir à un parti. Cette mesure oblige la Ligue nationale pour la démocratie (LND) à exclure de ses instances Mme Suu Kyi, puisqu'elle purge actuellement une peine de 18 mois de résidence surveillée.

Mais le nouvel ambassadeur chinois, Li Baodong, dont le pays est un proche allié de la Birmanie voisine, a affirmé que celle-ci était un État souverain dont les élections étaient une affaire intérieure.

Il a estimé que la tenue d'élections n'était pas chose facile dans un pays aussi pauvre que la Birmanie mais était «une étape très importante du processus de réconciliation nationale et de démocratie.»

«Il est très important que la communauté internationale et le Conseil de sécurité aident la Birmanie à créer un environnement constructif et sain, qui favorise les prochaines élections,» a dit M. Li.

M. Lyall Grant a rejeté l'idée selon laquelle le Conseil ne devrait pas s'occuper de la politique électorale birmane.

«Nous ne sommes pas d'accord avec cela», a-t-il dit à la presse, rappelant que la Birmanie est inscrite à l'ordre du jour permanent du Conseil.

«Nous estimons que ces lois établissent un processus qui n'est pas propice à des élections libres et équitables cette année et qui semble dirigé contre Aung San Suu Kyi et son parti d'opposition en rendant très difficile leur participation aux élections,» a ajouté l'ambassadeur britannique.

Le Groupe des amis de la Birmanie comprend l'Australie, la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Inde, l'Indonésie, le Japon, la Norvège, la Russie, Singapour, la Thaïlande, l'Union européenne et le Vietnam.

Il a été conçu en décembre 2007 comme un forum de discussion informel pour définir une approche commune pour soutenir les efforts de l'ONU pour promouvoir la démocratie et la réconciliation nationale dans le pays.