Les autorités chinoises ont lancé au début du mois une campagne sécuritaire au Tibet baptisée «Forte Tempête» qui a déjà entraîné des centaines d'interpellations, ont indiqué jeudi la police et la presse locale.

La campagne vise toute activité pro-indépendance, en ce mois de célébrations d'anniversaires politiquement sensibles, de même que la criminalité ordinaire, a expliqué un policier contacté par l'AFP dans l'un des commissariats de Lhassa, capitale de la région du sud-ouest de la Chine.

«Je ne sais pas quand cette campagne va s'arrêter mais cela pourrait être à la fin du mois quand tout ça sera terminé», a déclaré le policier sous couvert de l'anonymat, en référence à l'anniversaire de l'insurrection antichinoise de mars 1959.

À la date du 3 mars, au moins 1 500 membres des forces de l'ordre avaient été déployés en renfort et plus de 4 100 domiciles fouillés, a annoncé de son côté le quotidien Lhasa Evening News.

Selon le journal, plus de 400 personnes ont été interpellées, et parmi elles 14 arrêtées pour des motifs non spécifiés.

La police a multiplié les contrôles d'identité de la population migrante ainsi que les contrôles de la circulation, ajoute le journal.

Des habitants de Lhassa ont indiqué jeudi que l'atmosphère était tendue dans la capitale de la région autonome.

«Il y a des véhicules blindés qui patrouillent dans les rues, à la télévision ils n'arrêtent pas de parler du besoin de 'maintenir la stabilité», a dit à l'AFP une retraitée appelée Ceyang.

«On n'ose pas sortir le soir», a-t-elle dit.

«Officiers et soldats travaillent dur pour maintenir la stabilité sociale, sauvegarder la loi socialiste, les intérêts de base du peuple et l'unité de la mère-patrie», a déclaré Zhang Yixiong, le numéro deux du Parti communiste dans la région, cité par le Tibet Daily.

L'insurrection antichinoise lancée le 10 mars 1959 s'était soldée par un échec suivi de la fuite en exil en Inde du dalaï lama, leader spirituel des Tibétains et bête noire de Pékin qui l'accuse de «séparatisme».

Depuis, chaque année, le 10 mars est une date particulièrement sensible.

Il y a deux ans, l'anniversaire du soulèvement manqué avait été le prétexte de manifestations de Tibétains qui avaient rapidement dégénéré en violentes émeutes, gagnant les provinces voisines de la région autonome himalayenne, à population tibétaine, faisant de 22 à 200 morts selon les sources.

Dans un discours mercredi à l'occasion de cet anniversaire, le dalaï lama a reconnu qu'il y avait «peu d'espoir» d'un compromis avec le gouvernement chinois actuel.

Il a également affirmé qu'au Tibet les moines et les nonnes vivaient dans des conditions «quasi-carcérales» dans le cadre d'une politique visant à «annihiler le bouddhisme».

Jeudi, Pékin, par la voix d'un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, l'a appelé à «passer en revue ses mauvaises actions, abandonner sa proposition d'indépendance et cesser les activités séparatistes afin de créer les conditions de contact et de communications entre le gouvernement central et lui-même».

Le dalaï lama ne réclame pas l'indépendance mais une large «autonomie culturelle» du Tibet.