Les autorités mexicaines vont enquêter sur les liens éventuels des centres antidrogue de Ciudad Juarez avec les cartels, après une série de tueries dans ces établissements de la ville la plus meurtrière du pays, à la frontière des États-Unis.

«Le récent massacre de dix personnes dans le centre de rééducation Annexe de vie est lié au crime organisé (...) Ce n'est pas un hasard, c'est dans le contexte de la guerre criminelle entre des groupes rivaux», a déclaré mercredi soir José Reyes, le gouverneur de l'État de Chihuahua, où se trouve Ciudad Juarez. Un commando armé a abattu au moins dix personnes mardi soir dans ce centre pour toxicomanes, dont le directeur de l'établissement et le médecin, qui examinait une patiente.

C'était la sixième attaque meurtrière en un an à Ciudad Juarez contre ce genre d'établissements. Les petits revendeurs de stupéfiants s'y réfugient souvent en espérant se cacher à la fois de la police et des bandes rivales, explique-t-on de source policière.

Le fonctionnement financier de ces établissements est sur la sellette, a poursuivi le gouverneur: «il n'est pas possible qu'un centre opère sans aucune subvention ou sans cotisation des pensionnaires».

M. Reyes a ordonné «une enquête sur les dirigeants et leurs activités pour établir qui ils sont», a-t-il ajouté.

Quatre personnes ont encore été assassinées à Ciudad Juarez dans la soirée de mercredi, dont un employé d'un funérarium abattu par un commando qui a incendié l'établissement et un défunt dans son cercueil.

La guerre entre narcotrafiquants a fait plus de 14000 morts au Mexique depuis l'entrée en fonction du président Felipe Calderon, en décembre 2006, malgré le déploiement de près de 50000 militaires en renfort de la police dans l'ensemble du pays, selon les nouveaux chiffres officiels.

À Ciudad Juarez, 1,4 million d'habitants et 8500 militaires dans les rues, on a compté officiellement plus de 1600 morts en 2008, année record en la matière, et déjà plus de 1200 cette année, selon un décompte établi par l'AFP à partir des rapports de police.