La vie reprenait lentement son cours au Mexique, où commerces et restaurants devaient rouvrir mercredi dans l'espoir que le pire de l'épidémie de grippe porcine soit passé, malgré l'annonce d'un nouveau mort aux Etats-Unis et trois au Mexique.

Un deuxième patient est décédé aux Etats-Unis, une jeune femme d'une trentaine d'années habitant au Texas, non loin de la frontière mexicaine. Hospitalisée depuis trois semaines, elle ne s'est pas rendue au Mexique, mais «avait des problèmes chroniques de santé», selon les autorités sanitaires.

La grippe porcine a donc fait deux morts aux Etats-Unis après le décès d'un enfant mexicain de moins de deux ans, le 27 avril, également au Texas.

Les autorités américaines comptabilisaient mardi 403 cas confirmés de grippe A(H1N1), soit 115 de plus que la veille. Au Canada, 165 personnes infectées par le virus ont été dénombrées mardi, 25 de plus que la veille.

L'apparition du virus A H1N1 a suscité dans le monde entier la crainte d'une pandémie mortelle, incitant de nombreux pays à prendre des mesures pour contenir la contagion. Mais dans son dernier bilan mercredi, l'OMS chiffre à 1.516, dont 30 mortels, le nombre de cas confirmés dans 22 pays, en ligne avec une épidémie de grippe ordinaire.

Mégalopole de 20 millions d'habitants, Mexico s'apprêtait à retrouver son rythme trépidant, avec la réouverture des restaurants qui étaient fermés depuis le 28 avril. Un grand nettoyage a été lancé dans les commerces, les transports publics et les écoles, qui s'apprêtaient à ouvrir jeudi.

Depuis l'alerte lancée sur l'épidémie, la capitale vivait au ralenti, les réunions publiques ayant été interdites, les commerces, écoles, bars et cinémas fermés, pendant que la plupart des habitants se terraient chez eux pour éviter la contagion.

Le ministère de la Santé a confirmé le recul de la maladie, malgré l'annonce de trois nouveaux décès, portant le bilan à 29 morts dans ce pays. 73 nouveaux cas de contamination ont été détectés, soit un total de 913 malades. Cette hausse résulte du rattrapage du retard accumulé dans les analyses.

Il reste encore à examiner les cas «suspects» de 39 personnes décédées au cours des derniers jours, alors qu'elles souffraient de difficultés respiratoires.

Originaires de Mexico, la plupart des victimes ont entre 20 et 39 ans et le dernier décès confirmé remonte au 29 avril.

La fermeture des commerces a occasionné un manque à gagner quotidien de 100 millions de dollars pour le secteur hôtelier de Mexico.

«Nous retournons lentement à la normalité», a lancé le président Felipe Calderon, affirmant que son pays avait «protégé l'humanité tout entière».

Le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Mexique, Philippe Lamy, a d'ailleurs félicité mardi le gouvernement mexicain pour «le sérieux, la responsabilité et la transparence» de sa gestion de la crise.

«Les leçons de l'expérience mexicaine ont été essentielles pour la communauté internationale», a-t-il assuré lors d'une rencontre avec M. Calderon, selon un communiqué de la présidence.

22 pays au total sont contaminés par le virus A H1N1, parmi lesquels l'Espagne et le Royaume-Uni sont particulièrement affectés. Sur la liste figurent aussi l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la France, l'Irlande, l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Suisse, Israël, le Salvador, le Costa Rica, le Guatemala, la Corée du Sud, la Chine (Hong Kong), la Colombie et la Nouvelle-Zélande.

L'épidémie est «en phase de reflux», a déclaré mercredi la ministre française de la Santé, Roselyne Bachelot, en annonçant un cinquième cas de contamination.

Les autorités américaines et mexicaines se montrent depuis lundi rassurantes sur la gravité de la maladie, mais les experts n'excluent pas une résurgence ultérieure du virus sous une forme plus virulente, comme ce fut le cas pour la «grippe espagnole» de 1918, qui a fait entre 20 et 50 millions de victimes.