Il était une fois un président qui hérita d'une guerre dans un pays lointain. Au lieu de tenter d'y mettre fin le plus rapidement possible, il déploya des moyens de plus en plus importants pour l'emporter. Or cette stratégie ne finit pas seulement pas éclipser son généreux et ambitieux programme intérieur mais également par causer sa ruine politique. D'où sa décision de ne pas briguer un deuxième mandat à la Maison-Blanche...

Voilà, j'en conviens, une façon bien sombre de traiter de la nouvelle stratégie annoncée aujourd'hui par Barack Obama pour gagner la guerre contre Al-Qaeda et ses alliés non seulement en Afghanistan mais également au Pakistan, d'où le réseau terroriste préparerait de nouveaux attentats contre les États-Unis. Le président américain saura peut-être éviter les erreurs de Lyndon Baines Johnson, responsable de l'escalade américaine au Vietnam. Il semble d'ailleurs se ménager, dans cette nouvelle stratégie, des portes de sortie. Mais il met irrémédiablement ses empreintes sur un conflit militaire lancé par George W. Bush, son prédécesseur. Je cite quelques-unes de ses déclarations :

«Alors je veux que le peuple américain comprenne que nous avons un but clair: perturber, démanteler et vaincre Al-Qaeda au Pakistan et en Afghanistan et empêcher son retour dans ces pays à l'avenir. C'est le but qui doit être atteint... Et aux terroristes qui s'opposent à nous, mon message est le même: nous vous vaincrons.»

«Al-Qaeda et ses alliés extrémistes sont un cancer qui risque de tuer le Pakistan de l'intérieur... Le Pakistan doit donner la preuve de sa détermination à éliminer Al-Qaeda et tous les extrémistes violents qui se trouvent à l'intérieur de ses frontières.»

Ainsi donc, Barack Obama a ordonné l'envoi de 4 000 soldats supplémentaires en Afghanistan afin de former les forces locales. Ces renforts viendront s'ajouter au déploiement de 17 000 militaires d'unités de combat supplémentaires déjà approuvé par la nouvelle administration. Le président a également annoncé un triplement de l'aide au Pakistan à 1,5 milliard de dollars par an sur cinq ans.

P.S. : On trouve ici une transcription du discours du président sur sa nouvelle stratégie pour l'Afghanistan et le Pakistan.

(Photo Reuters)