Mercredi soir, des militants appartenant au Black Block et à d'autres groupes anarchistes et «anti-fascistes» se sont mêlés à la foule d'étudiants qui ont protesté sur le campus de l'Université Berkeley en Californie la venue de Milo Yiannopoulos, journaliste provocateur du site d'extrême droite Breitbart qui soutient Donald Trump.

Ces militants habillés de noirs et masqués ont joué les casseurs en allumant des incendies, brisant des vitrines et lançant des pierres aux policiers. La direction de Berkeley a annulé la conférence de Yiannopoulos sur ce campus où est né dans les années 1960 un mouvement pour la liberté d'expression.

Trump a gazouillé à deux reprises pour condamner les protestataires, menaçant d'abord de couper les subventions fédérales à l'Université Berkeley si elle «ne permet pas la liberté d'expression et pratique la violence contre des gens innocents avec un autre point de vue».

Passons sur le fait que Yiannopoulos est accusé de tenir des propos haineux et a été banni de Twitter pour sa campagne de harcèlement et de dénigrement envers l'actrice afro-américaine Leslie Jones.

Ce matin, Trump est revenu à la charge sur Twitter sur le même sujet. «Des anarchistes professionnels, des voyous et des manifestants payés incarnent la raison pour laquelle des millions de personnes ont voté pour RENDRE À L'AMÉRIQUE SA GRANDEUR!»

Comme le soulignait ce matin une journaliste américaine en poste au Moyen-Orient, le président américain a vite adopté le langage des dirigeants dictatoriaux ou autoritaires de la région pour discréditer leurs opposants.

Mais il demeure que les militants du Black Block et autres groupes anarchistes n'ont pas fini de faire parler d'eux. Ils ont fait du grabuge à Washington lors de l'investiture de Trump. L'un d'eux a asséné un coup de point au visage de Richard Spencer, un des leaders du mouvement néo-nazi américain (aussi appelé alt-right), un assaut devenu viral sur internet.

Et ils se promettent de continuer à protester contre le «fascisme» de Trump et d'empêcher des figures de l'extrême droite comme Yiannopoulos de prendre la parole en public, en employant la violence si nécessaire. L'un de leurs supporteurs a défendu ainsi leur approche lors d'une interview accordée au New York Times qui consacre cet article au phénomène :

«Oui, ce que le Black Block a fait hier soir (mercredi soir) a détruit des biens. Mais doit-on laisser un individu comme Milo aller là où il veut pour propager sa haine? Ce type d'argument nous mène à nous asseoir sur nos mains et à attendre que ça passe. Et ça ne passe pas.»

Trump n'est évidemment pas le seul à condamner la violence des casseurs. Plusieurs opposants du président le font aussi, craignant que le Black Block, les soit-disant anti-fascistes et autres anarchistes ne finissent par faire son jeu. Ont-ils raison?