Y avait-il au sein de l'équipe de campagne de Donald Trump une taupe qui a mis le FBI au courant des relations entre le candidat ou des membres de son entourage avec des représentants du gouvernement russe?

La question se pose après la diffusion d'une transcription de l'audition à huis clos de Glenn Simpson, cofondateur de la firme de recherche Fusion GPS, devant la commission judiciaire du Sénat en août dernier. Avant d'aller plus loin, rappelons que les républicains du Congrès et leurs alliés dans les médias conservateurs attaquent depuis plusieurs semaines Fusion GPS et ses dirigeants, qui ont commandé à l'ancien espion britannique Christopher Steele un dossier faisant état d'une collusion entre le camp Trump et des représentants du Kremlin pendant la campagne présidentielle américaine de 2016.

Face aux manoeuvres et aux critiques des républicains, les démocrates de la commission réclamaient depuis plusieurs jours la diffusion de la transcription de cette audition, ce que le président de ladite commission, le sénateur républicain d'Iowa Chuck Grassley, a refusé de faire. Face à cette opposition, la sénatrice démocrate de Californie Dianne Feinstein a décidé elle-même de publier la transcription en question cet après-midi.

On peut notamment y lire que Steele avait approché des agents du FBI à l'été 2016 parce qu'il craignait que Trump fasse l'objet de chantage en raison de la nature de ses liens avec les Russes. Lors de son audition, Simpson a expliqué aux sénateurs que le FBI avait déjà lancé une enquête sur cette question. «Essentiellement, ce que (Steele) m'a dit, c'est qu'ils avaient obtenu d'autres informations à ce sujet d'une source au sein la campagne de Trump (...), qu'ils croyaient que l'information de Chris pouvait être crédible, qu'ils avaient d'autres informations disant la même chose et que ces pièces d'information venaient d'une source à l'intérieur de l'organisation de Trump.»

D'où la question qui sert d'amorce à ce billet.

Or, si une taupe existait, qui donc pourrait-elle être?

Quoi qu'il en soit, le témoignage de Simpson représente une autre indication que Steele ou son dossier n'ont pas été à l'origine de l'enquête du FBI sur l'affaire russe, ce que les plusieurs alliés républicains ont fait valoir au cours des derniers mois. Il soulève en outre de nouvelles questions sur la décision de Grassley et de son collègue Lindsey Graham de signer une lettre la semaine dernière recommandant au FBI de lancer une enquête pour déterminer si Steele a menti à ses agents dans des circonstances qui demeurent inconnues. Tout donne à penser que Grassley, Graham et d'autres républicains ont tenté de noyer le poisson.

À noter : lors de son audition, Simpson a affirmé qu'une des sources de Steele avait été tuée après la diffusion par des médias américains, à commencer par le site Buzzfeed, de son dossier. Dossier qui avait été commandé après que l'équipe de campagne d'Hillary Clinton a retenu les services de Fusion GPS.

On vous revient sous peu avec d'autres détails.

P.S. : La source dont a parlé Glenn Simpson lors de son audition est vraisemblablement George Papadopoulos, l'ancien conseiller de Donald Trump en matière de politique étrangère, qui avait fait au printemps 2016 à l'ambassadeur d'Australie à Londres des confidences que ce dernier avait plus tard rapportées au FBI. Les confidences de Papadopoulos portaient notamment sur les courriels du Parti démocrate piratés par les Russes et susceptibles de nuire à Hillary Clinton.

P.P.S. : Steele a rompu ses liens avec le FBI après la publication dans le New York Times, le 31 octobre 2016, d'un article où des sources anonymes au sein de l'agence fédérale assuraient le journal (faussement) qu'aucun lien entre les Russes et le camp Trump n'avait été trouvé. L'article du Times a donné à Steele l'impression que le FBI était manipulé par des forces sympathiques à Trump.