Un accord de principe a été obtenu mercredi à l'ONU pour réduire de 600 millions de dollars, soit 7,2%, le budget des Casques bleus après des semaines d'intenses négociations suite à la demande des États-Unis de baisser fortement ces dépenses, selon des diplomates.

Cet accord scellé à l'aube pourrait être validé vendredi par l'Assemblée générale de l'ONU.

Les Nations unies dépenseront 7,3 milliards de dollars pour ses opérations de maintien de la paix l'an prochain, au lieu de 7,87 milliards actuellement, ont précisé des diplomates proches des négociations.

Les États-Unis, premier contributeur à ce budget, voulaient réduire la facture de 1 milliard de dollars, ce qui représentait une baisse de près de 13%. L'Union européenne soutenait aussi la baisse validée dans l'accord à 7,3 milliards de dollars.

Les missions de l'ONU les plus touchées seront celles de la région du Darfour au Soudan et de la République démocratique du Congo (RDC), qui sont les opérations les plus coûteuses (plus d'un milliard de dollars chacune).

Mais il y aura des réductions de budget «systématiques» dans l'ensemble des opérations de maintien de la paix sous la pression des États-Unis, a prévenu un diplomate sous couvert de l'anonymat.

«La pression des États-Unis conduit le budget des opérations de la paix à suivre une trajectoire décroissante», a précisé ce diplomate.

Washington finance 28,5% du budget des opérations de maintien de la paix (7,87 milliards) et 22% du budget de fonctionnement de l'ONU (5,4 milliards).

Cet accord est loin des demandes du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui voulait l'augmenter à 7,97 milliards de dollars pour l'année budgétaire qui démarre le 1er juillet.

Le Conseil de sécurité pourrait voter dès jeudi sur les coupes budgétaires affectant la mission de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour (Minuad), qui compte quelque 17 000 soldats (20 000 personnes en tout).

Le Royaume-Uni a diffusé mercredi un projet de résolution qui prévoit deux étapes, conformément aux propositions de la Minuad.

La Minuad passerait à environ 11 000 hommes (8735 soldats et 2500 policiers) d'ici juin 2018, soit une baisse de 44% pour les Casques bleus et 30% pour les forces de police, selon ce texte obtenu par l'AFP.

Mais ces coupes sont conditionnées à la protection que le gouvernement soudanais assurera dans les zones où les soldats de la Minuad seront retirés.

M. Guterres regardera dans 6 mois si «les conditions sur le terrain sont toujours propices à d'autres réductions».

Le texte britannique salue la «baisse du nombre de confrontations militaires entre les forces gouvernementales et les groupes rebelles», mais les organisations de droits de l'homme affirment que le conflit au Darfour est loin d'être achevé.

Human Rights Watch estime que ces coupes sont «malavisées» car les civils dans cette région de l'ouest du Soudan ont encore besoin d'être protégés.

Le Darfour est le théâtre d'un conflit sanglant depuis 2003, quand des insurgés issus de minorités ethniques ont pris les armes contre le pouvoir de Khartoum, aux mains de la majorité arabe. Le président soudanais Omar el-Béchir a alors lancé une contre-insurrection violente.

Les Nations unies ont par ailleurs mis fin à leur mission en Côte d'Ivoire et prévoient de retirer leurs Casques bleus d'Haïti en octobre.

Le Conseil de sécurité votera cette semaine sur la mission de l'ONU au Mali, qui devrait cependant ne pas subir de coupes sévères.