Le ministre français du Budget, Jérôme Cahuzac, qui a fait de la lutte contre l'évasion fiscale une priorité, est accusé par Mediapart d'avoir détenu pendant de «longues années» un compte suisse non déclaré à la banque UBS.

Le site d'enquête affirme que le compte en question a été fermé au début de 2010 et que les «avoirs cachés» qu'il contenait ont été transférés vers Singapour par «un complexe montage financier offshore».

Le politicien a réagi avec indignation aux «affirmations délirantes» avancées contre lui et fait savoir qu'il porterait plainte en diffamation contre les responsables de l'article.

«Je n'ai jamais disposé d'un compte en Suisse ou ailleurs à l'étranger», a déclaré M. Cahuzac dans un communiqué avant de revenir à la charge hier à la radio ainsi qu'à l'Assemblée nationale.

«Aujourd'hui, je dois prouver mon innocence. En justice, mes accusateurs devront prouver que leurs allégations sont fondées. Ils auront du mal», a-t-il déclaré hier sur les ondes de RTL.

Mediapart base notamment ses allégations sur un rapport produit par un ex-inspecteur du fisc qui demandait en 2008 une enquête plus poussée après avoir eu vent d'informations suggérant l'ouverture d'un compte suisse par M. Cahuzac. L'inspecteur a relevé que ses vérifications préliminaires n'avaient pas permis de «valider, ni d'infirmer» les renseignements reçus.

Achat d'un appartement

Le site d'enquête évoque par ailleurs l'enregistrement d'une conversation survenue il y a 10 ans dans laquelle M. Cahuzac aurait évoqué avec un chargé d'affaires l'existence d'un compte chez UBS. Mediapart suggère aussi, sans préciser l'importance des sommes en cause, que l'argent provenant du compte aurait pu servir en partie à financer l'achat d'un appartement acheté en 1994.

Le ministre a rétorqué sur RTL que l'inspecteur du fisc évoqué n'était pas crédible et avait été sanctionné par sa hiérarchie après avoir multiplié sans raison les allégations à l'égard d'élus et de collègues. Il a également promis de diffuser sur son blogue le montage financier relatif à l'achat de son appartement pour confirmer qu'il n'avait rien d'anormal.

«La vie politique est parfois rude, mais il est exact que je ne m'attendais pas à ça», a déclaré le politicien.

La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a déclaré que le premier ministre Jean-Marc Ayrault et le président François Hollande soutenaient M. Cahuzac dans cet «épisode particulièrement désagréable».

Pour sa part, l'opposition a demandé au ministre du Budget d'apporter «des preuves» permettant de «dissiper les doutes» suscités par Mediapart.

L'ex-ministre Laurent Wauquiez a souligné que le camp socialiste prenait toute information venant du site d'enquête comme «vérité établie» à l'époque où le président sortant, Nicolas Sarkozy, était au pouvoir.