Le candidat républicain à la Maison Blanche John McCain a choisi l'audace vendredi, quelques heures seulement après le discours d'investiture de son adversaire démocrate Barack Obama, en choisissant une femme peu connue comme colistière.

Avec ce tour de force, le sénateur de l'Arizona a réussi à détourner l'attention des médias sur la performance de M. Obama. Le candidat démocrate a accepté formellement jeudi soir l'investiture démocrate devant quelque 84 000 personnes rassemblées dans un stade de Denver et... 38 millions de téléspectateurs --plus pour que la cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin ou la soirée des Oscars.

L'élection présidentielle américaine du 4 novembre confirme qu'elle ne ressemble à aucune autre. M. Obama est le premier Noir à pouvoir devenir président des Etats-Unis. S'il était élu, M. McCain qui a fêté ce vendredi ses 72 ans, serait le plus vieux président jamais élu à son premier mandat et son élection permettrait pour la première fois de voir une femme devenir vice-président des Etats-Unis.

>>> Sarah Palin, une conservatrice pure et dure

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Sarah Palin, 44 ans, est une quasi inconnue. Gouverneure de l'Alaska depuis 2006, elle n'a aucune expérience en matière de sécurité nationale. Mais sa nomination a été chaleureusement saluée par la droite conservatrice religieuse. Mme Palin est une conservatrice pure et dure, hostile au droit à l'avortement.

«Elle est exactement ce dont j'ai besoin. Elle est exactement ce que ce pays a besoin pour m'aider à lutter contre la politique politicienne de Washington», a dit M. McCain au cours d'un rassemblement à Dayton.

Jamais les républicains n'avaient présenté une femme sur le «ticket» présidentiel.

Comme M. McCain, Mme Palin a une image de «franc-tireur» et elle n'a pas hésité à s'en prendre à des responsables de son propre parti.

Mme Palin, mère de cinq jeunes enfants, s'est décrite comme une «hockey mom», une femme ordinaire qui accompagne ses enfants au hockey et une réformiste. Elle a abattu la carte du féminisme en vantant les campagnes historiques de deux démocrates, Geraldine Ferraro en 1984 et Hillary Clinton en 2008. Elle a même fait allusion à la déclaration de Michelle Obama, qui avait salué à Denver l'ancienne rivale de son mari et ses votes, ces «18 millions de fissures dans le plafond de verre.

Les «tickets» démocrate et républicain sont à l'inverse l'un de l'autre.

M. Obama, 47 ans, sénateur depuis 2005, a choisi un vétéran de la scène politique américaine, spécialiste reconnu des questions internationales, le sénateur du Delaware Joe Biden, 65 ans.

L'équipe du candidat démocrate a souligné l'inexpérience de Mme Palin. M. Obama lui-même a téléphoné à Mme Palin pour la féliciter. Il lui a souhaité d'avoir de la chance «mais pas trop quand même».

M. Obama a repris sa campagne vendredi en se rendant en Pennsylvanie et dans l'Ohio, deux Etats cruciaux pour la présidentielle.

Hillary Clinton qui a vainement tenté d'obtenir l'investiture démocrate pour la Maison Blanche, a salué la nomination «historique» de Mme Palin tout en soulignant que la politique qu'elle défend n'était pas bonne.

Mme Clinton a fait allégeance à M. Obama au cours de la convention démocrate.

Le président George W. Bush a félicité quant à lui le candidat républicain pour sa «décision enthousiasmante».

La convention républicaine commence le 1er septembre à St Paul. M. Bush pourrait y assister dès lundi si l'ouragan Gustav qui menace les côtes du sud des Etats-Unis, lui en laisse l'occason. Ce vendredi est l'anniversaire du passage du cyclone Katrina sur La Nouvelle-Orléans. L'administration Bush a été accusé d'incurie pour ne pas avoir su gérer dans l'urgence cette catastrophe.

Il ne restait vendredi que 67 jours avant l'élection présidentielle américaine.