Les Six pays impliqués dans les discussions sur le programme nucléaire iranien «commencent à discuter des contours possibles d'une nouvelle résolution (de l'ONU) prévoyant des sanctions» contre l'Iran, a indiqué mercredi le département d'Etat américain.

A l'issue d'une conférence téléphonique, les directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères des cinq Grands --Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine-- et d'Allemagne se sont déclarés «très déçus du fait que l'Iran, une fois de plus, n'ait pas donné de réponse claire à (leur) offre généreuse», selon un communiqué lu à l'AFP par un porte-parole du département d'Etat, Gonzalo Gallegos.

«Compte tenu de l'absence d'une réponse positive claire de l'Iran et du non-respect des délais fixés par la résolution 1805 du Conseil de sécurité de l'ONU, les 5+1 discutent des prochaines étapes au Conseil de sécurité et commencent à discuter des contours possibles d'une nouvelle résolution prévoyant des sanctions», précise le communiqué.

La réponse écrite fournie mardi par les autorités iraniennes à l'offre de coopération des Six, proposée à l'Iran en échange d'une suspension de ses activités controversées d'enrichissement de l'uranium, «apparaît comme une tactique destinée à gagner du temps», ajoute le communiqué.

Il précise que «la porte reste ouverte» pour que l'Iran accepte leur offre et que les Six restent engagés envers leur double stratégie.

Les grandes puissances ont offert une alternative à l'Iran: ou Téhéran accepte la coopération et suspend ses activités controversées d'enrichissement de l'uranium, que les Occidentaux soupçonnent d'être destinées à acquérir l'arme nucléaire, ou ce pays fait face à des sanctions croissantes de la communauté internationale.

M. Gallegos a précisé que ce communiqué n'était pas un document commun mais le compte-rendu par les Etats-Unis de la conférence téléphonique, à laquelle participait le diplomate en chef de l'Union Européenne, Javier Solana, qui mène les négociations avec Téhéran.

Alors qu'on lui demandait si cela signifiait que la Russie et la Chine étaient d'accord pour parler de «déception» des Six et qualifier de «tactique destinée à gagner du temps» la réponse iranienne à leur offre, le porte-parole a répondu: «c'est ce que j'ai compris».

De son côté, l'ambassadeur de la Russie à l'ONU, Vitaly Tchourkine, a estimé mercredi qu'il restait une «possibilité» dans le dialogue avec Téhéran, en dépit de la réponse ambiguë de l'Iran.

«Nous ne pensons pas que l'échec du (dialogue) est couru d'avance», a déclaré M. Tchourkine aux journalistes. «Nous pensons qu'il y a une possibilité dans ce dialogue». «Nous aurions préféré un oui clair. Mais c'est plus compliqué que cela (...) Nous croyons que le dialogue peut se poursuivre», a-t-il ajouté.

Les autorités iraniennes se sont affirmées prêtes à apporter une réponse claire à l'offre des Six, mais ont exigé au préalable des éclaircissements sur certains points dans leur lettre envoyée mardi dont l'AFP a obtenu le contenu.

«Maintenant la République islamique d'Iran est prête à apporter une +réponse claire+ à votre proposition aussi rapidement que possible, mais attend aussi dans le même temps votre +réponse claire+ à nos interrogations et à des points ambigus», écrivent-elles.

«Il ne fait pas de doute qu'une telle clarification mutuelle peut mener à un processus de négociation rapide et transparent avec une perspective optimiste et peut apporter les bases d'une coopération», ajoutent-elles. «La seconde phase dans les négociations peut commencer dès que possible s'il y a une telle volonté de votre côté», conclut Téhéran.

La France a estimé que Téhéran n'avait «pas apporté la réponse qui était attendue»

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«La question posée est pourtant claire et appelle une réponse simple : l'Iran accepte-t-il l'offre de «double gel» pour engager les négociations? Elle ne requiert pas de clarification supplémentaire», a déclaré un porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal.