La mise en place d'un gouvernement stable en Somalie n'est pas «une condition préalable» au retrait de l'armée éthiopienne de ce pays, a déclaré le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi au Financial Times paru jeudi, soulignant notamment le coût financier de l'opération.

La Somalie et l'Ethiopie «n'ont pas les pieds et poings liés», a estimé M. Meles dans une interview accordée au quotidien économique britannique.

«Nous estimons que nous avons fait ce que nous avions programmé, à savoir empêcher qu'un groupe jihadiste s'empare totalement de la Somalie», a-t-il ajouté, instant sur le fait que son pays avait «des obligations notamment vis-à-vis de l'Union africaine (...) jusqu'à qu'elle puisse déployer ses troupes» en Somalie.

Interrogé sur un retrait éthiopien malgré l'absence d'un gouvernement stable en Somalie, M. Meles a répondu: «Nous ferons tout notre possible pour créer un environnement où notre retrait ne perturbera pas trop ce processus mais ce n'est pas nécessairement une condition préalable à notre retrait», a-t-il affirmé.

Les autorités éthiopiennes avaient jusqu'à présent assuré que l'armée resterait en Somalie jusqu'à ce que les insurgés islamistes ne représentent plus une menace pour l'Ethiopie voisine et pour le gouvernement somalien.

Officiellement, Addis Abeba avait également lié son retrait complet au déploiement total des 8.000 hommes initialement prévus pour la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), qui à ce jour n'en compte que 3 000.

L'armée éthiopienne est intervenue en Somalie officiellement fin 2006, aux côtés du gouvernement somalien, pour chasser les tribunaux islamiques qui contrôlaient alors la majeure partie du centre et du sud de la Somalie. Addis Abeba avait justifié son intervention par la menace que faisait peser, selon elle, les islamistes sur l'Ethiopie.

Les tribunaux islamiques ont été chassés fin 2006-début 2007, mais Mogadiscio est, depuis, le théâtre d'attaques régulières, visant notamment l'armée éthiopienne. La semaine dernière, le principal port du sud somalien, Kismayo, est en outre tombé aux mains des islamistes.