Pendant la tournée à l'étranger de Barack Obama, John McCain intensifie ses critiques contre la politique étrangère défendue par son rival démocrate. Le prétendant républicain à la Maison Blanche a raillé l'«audace du désespoir» de la stratégie prônée par son adversaire en Irak, estimant qu'un retrait américain aurait pu plonger tout le Proche-Orient dans la guerre.

Devant des militaires hispaniques à la retraite à Denver (Colorado), le candidat républicain a de nouveau joué la carte de l'inexpérience présumée de son rival sur la scène internationale. John McCain s'est ainsi lancé dans la description d'un enchaînement quasi-apocalyptique d'événements qui aurait été déclenché selon lui par la politique soutenue par le sénateur de l'Illinois, opposé au renforcement des troupes américaines en Irak décidé par le président George W. Bush.

Selon lui, les forces américaines se seraient retirées sous les balles irakiennes, l'armée d'Irak se serait effondrée, le nombre de victimes civiles aurait explosé, Al-Qaïda aurait éliminé les chefs tribaux sunnites coopérant avec Washington et aurait pu former des militants pour lancer des attaques contre les Américains, le pays aurait sombré dans la guerre civile, menant à un génocide et c'est finalement tout le Proche-Orient qui aurait basculé dans la guerre.

«Par dessus tout, l'Amérique aurait été humiliée et affaiblie», a affirmé John McCain. «Les terroristes auraient vu notre défaite comme la preuve que l'Amérique a manqué de volonté pour les battre. Pendant que l'Irak aurait sombré dans le chaos, d'autres pays du Proche-Orient seraient venus en aide aux factions qu'elles soutiennent, et la région toute entière aurait pu basculer dans la guerre».

«Nous avons rejeté l'audace du désespoir et nous avons eu raison», s'est exclamé le futur candidat républicain à la présidentielle américaine, détournant le titre du livre de Barack Obama «L'Audace d'espérer».

En cas d'élection le 4 novembre, Barack Obama s'est engagé à retirer les troupes américaines d'Irak sur 16 mois, «un calendrier politiquement commode», a jugé vendredi John McCain. Cette semaine ses propos soupçonnant le candidat démocrate de préférer «perdre une guerre pour remporter une campagne électorale» avaient fait grincer des dents.

Sur CNN, John McCain a néanmoins jugé qu'un retrait en 16 mois était faisable. «Il a dit que c'était un assez bon calendrier compte tenu des conditions sur le terrain», a-t-il expliqué faisant référence au Premier ministre irakien Nouri al-Maliki. John McCain maintient que les conditions de sécurité sur le terrain constituent le principal critère avant tout retrait américain et accuse son rival de ne pas vouloir en tenir compte, même si Barack Obama a dit qu'il prendrait l'avis des commandants américain. À une exception près, Barak Obama a voté toutes les lois de financement des troupes américaines en guerre.

Le discours du candidat républicain vendredi à Denver a clos une semaine pendant laquelle il a parfois souffert de la comparaison avec la visite en grande pompe de son adversaire à l'étranger, mais qui lui a également permis de faire campagne dans plusieurs Etats qui pourraient jouer un rôle clé dans l'élection (New Hampshire, Maine, Pennsylvanie, Ohio et Colorado).

John McCain a également rencontré vendredi le dalaï lama à Aspen (Colorado). Il en a profité pour appeler la Chine à libérer les Tibétains emprisonnés lors du soulèvement du printemps à Lhassa, estimant que les Jeux olympiques étaient une bonne occasion pour Pékin de prouver son respect des droits de l'Homme. Le dalaï lama a remercié le sénateur de l'Arizona de son intérêt pour sa cause, tout en soulignant qu'il ne soutenait pas sa candidature.