Les autorités françaises ont annoncé vendredi une remise à plat des procédures de contrôle du nucléaire, après deux fuites radioactives en dix jours qui ont suscité l'inquiétude et les doutes dans un pays où le nucléaire fournit 80% de l'électricité consommée.

«Je veux tout remettre à plat», notamment dans «les dispositifs d'information, d'analyse et de sécurité», a déclaré le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo lors d'une conférence de presse.

Deux ans après le vote de lois sur le nucléaire supposées apporter plus de transparence et de sécurité, le ministre a indiqué que tous les acteurs seraient entendus d'ici à l'automne: industriels, opérateurs, militaires, associations. Il a notamment indiqué que l'ensemble des nappes phréatiques sous les installations nucléaires seraient vérifiées.

La rupture d'une canalisation dans une usine du sud-est du pays exploitée par une filiale d'Areva a causé jeudi un épanchement d'uranium d'une quantité comprise entre 120 et 750 grammes, selon l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), le gendarme du nucléaire en France.

L'ASN a assuré que cette fuite, survenue à Romans-sur-Isère dans l'usine FBFC, qui fabrique du combustible nucléaire pour des centrales de production d'électricité et des réacteurs de recherche, n'avait «pas du tout d'impact sur l'environnement».

La canalisation à l'origine de la fuite à Romans «n'avait pas été inspectée par l'exploitant depuis longtemps», a reconnu le directeur général de l'ASN Jean-Christophe Niel. La rupture daterait même de «plusieurs années», selon l'ASN.

Il s'agit du deuxième incident de ce type en dix jours après celui intervenu sur le site nucléaire du Tricastin, dans la même région.

Dans la nuit du 7 au 8 juillet, un dysfonctionnement lors d'un transfert entre deux cuves de la société Socatri, autre filiale d'Areva, avait donné lieu au rejet d'effluents contenant environ 74 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site du Tricastin.

Plus inquiétant encore, les contrôles effectués ont révélé dans la nappe phréatique des points de concentration en uranium anormalement élevés. Cette pollution serait antérieure à l'incident du 7 juillet.

Des associations écologistes ont dénoncé vendredi les défaillances du contrôle du nucléaire, évoquant un «tragique Tour de France des accidents nucléaires» à propos des deux fuites radioactives.

Jean-Louis Borloo a insisté sur la «transparence» et la «réactivité» dont doivent faire preuve les responsables d'installations nucléaires. Sur le site du Tricastin, la société Socatri avait mis plusieurs heures à prévenir les autorités nucléaires du rejet d'uranium.

Pour Frédéric Marillier de Greenpeace France, les incidents récents «viennent nous rappeler une réalité toute simple: le nucléaire est une énergie polluante, dangereuse et mal maîtrisée».

M. Borloo a souligné que le nombre d'incidents de niveau 1 --comme ceux du Tricastin et de Romans-sur-Isère--, le plus faible sur une échelle internationale qui en compte 7, était de «114 en 2006 et de 86 en 2007, soit une baisse de quelque 30%».

En juin 2006, le Parlement avait approuvé deux projets de loi sur le nucléaire, l'un sur la gestion des déchets, l'autre sur la sécurité et la transparence.

La France possède le deuxième réseau au monde de réacteurs nucléaires -58- après les États-Unis, et l'électricité d'origine nucléaire représente près de 80% de la consommation électrique française.