Le conseil général de la Ville de San Francisco vient de voter à l'unanimité afin d'interdire l'utilisation de contenants et de produits en polystyrène sur son territoire.

«Nous venons de passer le règlement anti-polystyrène le plus sévère au pays, et nous l'avons fait unanimement, a déclaré le superviseur London Breed, qui avait proposé le règlement. C'est un énorme pas en avant pour notre environnement et notre santé. San Francisco prend à nouveau les devants en matière de politique environnementale au pays.»

Adoptée le 29 juin, la loi vise les produits comme les barquettes utilisées dans l'emballage de la viande ou du poisson, les contenants de plats à emporter, les verres et les billes de calage en polystyrène utilisées notamment pour protéger des produits durant le transport. Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2017.

Genevieve Abedon, coordonnatrice pour l'organisation Californians Against Waste, note que la loi est assez vaste, puisqu'elle couvre plusieurs catégories de produits.

« C'est une bonne nouvelle, car ça va au-delà de la seule question des contenants pour transporter la nourriture. Idéalement, la loi aurait banni tous les emballages non recyclables, mais c'est un bon point de départ. »

- Genevieve Abedon, coordonnatrice pour l'organisation Californians Against Waste

La loi n'obligera pas les consommateurs à changer leurs habitudes, puisque les marchands pourront continuer à leur fournir des produits et emballages faits à partir de matériaux biodégradables ou recyclables, comme le carton - ce que certains faisaient déjà par choix, dit-elle.

UNE INTERDICTION CONTROVERSÉE

Les produits en polystyrène sont rarement recyclés et ne sont pas biodégradables : ils mettent des siècles à se décomposer dans les dépotoirs. Ils se retrouvent aussi dans des cours d'eau, ou ils mettent en danger la vie aquatique.

Leur interdiction est toutefois controversée. L'an dernier, New York a brièvement banni les contenants de polystyrène, mais un tribunal a autorisé leur utilisation quelques mois plus tard et suggéré que l'industrie et la Ville travaillent sur un programme de récupération et de recyclage. New York s'est dite déçue de la décision du tribunal, arguant que 30 000 tonnes de polystyrène étaient jetées chaque année dans la plus grande ville des États-Unis.

Le polystyrène placé dans les bacs de recyclage n'est pas recyclé à Montréal et est acheminé au dépotoir. En exclusivité, l'écocentre LaSalle accepte les contenants de polystyrène, qui seront récupérés ou recyclés. Les citoyens doivent apporter leurs contenants et autres produits en personne durant les heures d'ouverture.

HARO SUR LES SACS DE PLASTIQUE

Une loi comme celle adoptée par San Francisco pourrait-elle un jour être adoptée par l'État de la Californie dans son ensemble ? C'est possible, mais ça ne se fera sans doute pas à court terme, croit Mme Abedon.

C'est que les organisations environnementales se battent aujourd'hui afin de sauver la loi bannissant les sacs de plastique. Adoptée en 2014, la loi a provoqué une offensive de groupes liés aux fabricants de ces sacs, qui ont milité pour que la question de l'interdiction soit posée aux électeurs par voie référendaire parallèlement aux élections de novembre prochain.

« Les entreprises dépensent des millions en publicité pour que les gens annulent l'interdiction des sacs de plastique cet automne, dit Mme Abedon. C'est un dossier qui préoccupe les groupes environnementaux en Californie actuellement. »