Le sort du caribou des bois, une espèce en péril, risque fort de se régler devant un tribunal fédéral.

La Société pour la nature et les parcs (SNAP) envisage plus que jamais de contester «l'inaction» du gouvernement fédéral à protéger cette espèce en péril. L'organisation se dit «déçue» de la réponse de la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, à une lettre de son directeur national, Éric Hébert-Daly, qui lui demandait le 19 décembre dernier de formuler «dès maintenant votre opinion concernant l'état de la protection de l'habitat essentiel du caribou des bois - population boréale, puis de publier un rapport connexe».

La SNAP avait demandé à obtenir une réponse de la ministre McKenna avant le 1er février. Une réponse a finalement été envoyée le 17 février, soit 24 heures après que La Presse ait fait connaître les intentions de l'organisme de porter éventuellement l'affaire en Cour fédérale.

Au cours des dernières années, une démarche similaire en Cour fédérale, qui invoquait elle aussi la Loi sur les espèces en péril, avait d'ailleurs forcé Ottawa à annoncer un décret d'urgence pour protéger l'habitat d'une autre espèce en péril, la rainette faux-grillon.

Dans sa courte réponse à la SNAP, obtenue par La Presse, la ministre indique simplement qu'elle a l'intention d'aborder la question du caribou des bois au cours d'une rencontre avec ses homologues des provinces, les 21 et 22 février. Elle invite aussi l'organisme à faire part de ses commentaires « elativement à la politique» proposée par son gouvernement pour protéger l'habitat essentiel du caribou.

La SNAP se dit perplexe

Une réponse qui laisse perplexe Alain Branchaud, directeur général de la SNAP pour le Québec. «La ministre ne répond pas directement à nos interrogations relatives à l'article 63 [de la Loi sur les espèces en péril], mais nous réfère plutôt à d'autres processus de la Loi.»

«Nous sommes déçus de la réponse obtenue à notre lettre, ajoute M. Branchaud. Cette réponse a toutefois l'avantage de compléter notre dossier. Une dernière analyse nous permettra de prendre la décision finale d'aller ou non devant les tribunaux.»

Au cours d'une conférence téléphonique tenue en fin d'après-midi, la ministre McKenna a par ailleurs offert peu de détails sur ses intentions précises au sujet de la protection du caribou. Elle a indiqué qu'elle était satisfaite de sa rencontre avec ses homologues des provinces et que la volonté du gouvernement était d'accroître la protection du caribou.

Le caribou des bois est qualifié «d'espèce canarie» par les experts, qui sert d'indicateur sur l'état de santé de la forêt boréale. On le retrouve dans sept provinces et deux territoires canadiens. Un plan de rétablissement de l'espèce a été publié en 2012, mais depuis, aucune mesure de protection n'a été mise de l'avant par Ottawa, ce qui contrevient à l'article 63 de la Loi sur les espèces en péril, estime la SNAP

Selon Alain Branchaud, la protection du caribou est essentielle dans un contexte de lutte contre les changements climatiques. «Si on protège le caribou, ça veut dire qu'on maintient en vie des écosystèmes dont l'importance est capitale pour la planète à l'heure des changements climatiques.»

Selon la SNAP, des données indiquent que des activités prévues ou déjà en cours perturberont vraisemblablement l'habitat du caribou forestier à l'échelle du Canada, où seules quelques populations sont jugées comme autosuffisantes.