Alors que la date limite pour participer à la consultation publique sur l'inversion de la ligne 9 approche, la société Enbridge annonce une nouvelle série de rencontres publiques.

«Ça va être publié dans les journaux demain [mercredi], affirme Éric Prud'Homme, chef des affaires publiques pour l'est du Canada à Enbridge. C'est une occasion pour les gens de s'informer. Il y aura des experts présents. Et il y aura des iPad où les gens, en rentrant leur code postal, pourront savoir où ils sont par rapport au pipeline.»

Cependant, pour ces gens, il sera trop tard pour participer aux audiences de l'Office national de l'énergie (ONE) sur le projet.

En effet, la date limite pour faire une demande de participation est vendredi, alors que les rencontres d'Enbridge se dérouleront la semaine prochaine: le mercredi 24 avril à Sainte-Anne-des-Plaines et Mirabel, ainsi que le jeudi 25 avril à Rigaud et à Saint-André-d'Argenteuil.

«Les citoyens et organisations qui recevront «l'information» d'Enbridge ne pourront même pas participer aux consultations de l'ONE par la suite, souligne Patrick Bonin, de Greenpeace. Ceci ressemble grandement aux séances de désinformation que l'industrie des gaz de schiste a menées à son arrivée au Québec et qui ont soulevé l'ire des populations.»

M. Prud'Homme affirme qu'Enbridge s'est conformé aux obligations du processus de consultation en tenant deux journées «portes ouvertes», une à Mirabel et une à Montréal, en novembre dernier. «Ce n'est pas la première fois qu'on rencontre les gens, ni la dernière», dit-il.

M. Prud'Homme a par ailleurs affirmé que l'entreprise a «presque fini de traduire la totalité des documents» relatifs au projet. Cependant, ceux-ci ne seront pas consultables sur place lors des réunions d'information. En février, l'entreprise a été critiquée pour avoir déposé uniquement des documents en anglais. Hier, plusieurs «versions non officielles» en français des documents techniques étaient en ligne sur le site web de l'ONE.

Enbridge veut inverser le flux de son pipeline entre Montréal et North Westover, en Ontario, et augmenter sa pression d'exploitation afin de pouvoir acheminer du pétrole de l'Ouest jusqu'à Montréal.

Cela pourrait permettre à la raffinerie de Suncor, dans l'est de Montréal, de traiter le brut en provenance des sables bitumineux, moyennant l'installation de nouveaux équipements.

De la «pure spéculation»

Mardi, Suncor a de nouveau nié avoir pris une décision à ce sujet. La veille, Suncor avait annoncé qu'elle avait conclu un accord d'un milliard pour vendre ses actifs de gaz naturel conventionnel. Le Financial Post a avancé hier que les sommes recueillies grâce à la transaction pourraient servir à moderniser l'établissement québécois afin qu'il puisse traiter du pétrole lourd.

La direction de l'entreprise a publiquement affirmé qu'elle envisageait cette possibilité lorsqu'elle a dévoilé ses derniers résultats trimestriels. Suncor a toutefois refusé de commenter davantage, hier. «Toute référence à des projets spécifiques est pure spéculation», a affirmé la porte-parole de Suncor, Erin Rees, en entrevue avec La Presse.

- Avec Martin Croteau