Le Québec essuiera des pertes en infrastructures de plus de 1,5 milliard de dollars au cours des 50 prochaines années si rien n'est fait pour adapter les zones côtières de l'est du Québec aux changements climatiques, révèle une étude de l'Université du Québec à Rimouski et du consortium Ouranos publiée aujourd'hui.

Plus de 5400 bâtiments, d'une valeur de 732 millions de dollars, seront emportés par l'érosion côtière d'ici 2065 si aucune mesure n'est mise en place pour atténuer les impacts de la montée des eaux, de la perte du couvert de glace en hiver et de la violence accrue des tempêtes dans le Bas-Saint-Laurent, sur la Côte-Nord, en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine.

Près de 300 kilomètres de route et 26 kilomètres de chemins de fer sont aussi menacés, pour une perte additionnelle de 776 millions de dollars, indique l'étude, qui porte sur 3220 kilomètres de côtes.

« La Gaspésie a la part du lion des dommages en raison des routes et du chemin de fer situés le long du fleuve entre Sainte-Anne-des-Monts et Madeleine, en Haute-Gaspésie (609 millions de dollars) », a expliqué Laurent Da Silva, économiste chez Ouranos et l'un des co-auteurs de l'étude, la première en son genre au Québec.

« Le Bas-Saint-Laurent écope plus pour les bâtiments et les terrains (390 millions de dollars) parce que le cadre bâti y est plus développé. »

Cette évaluation ne tient compte que des bâtiments, terrains, routes et chemins de fer, excluant donc les impacts indirects sur l'économie régionale, la santé, le tourisme et les écosystèmes.

Cet exercice plus approfondi a toutefois été fait dans une étude distincte portant sur Percé, les Îles-de-la-Madeleine, Carleton-sur-Mer, Maria et Rivière-Ouelle. Il en ressort que les pertes, rien que pour ces cinq municipalités, pourraient atteindre 810 millions de dollars au cours du prochain demi-siècle, si rien n'est fait.

L'analyse des coûts et des avantages de mesures d'adaptation telles que l'enrochement ou la recharge de plages de sable ou de galets indique que dans les trois quarts des cas, il est plus rentable économiquement d'agir que de ne rien faire. À certains endroits, notamment à Percé, dont la côte a été lourdement affectée par des tempêtes en octobre 2015 et janvier 2016, l'adaptation du littoral pourrait même générer des bénéfices additionnels, en rendant les lieux plus attirants pour les touristes.

« Si Percé n'est plus attirant, c'est toute la Gaspésie qui écope », a noté M. Da Silva. Un projet d'une quinzaine de millions est déjà à l'étude pour entre autres remplacer la promenade actuelle et le mur de béton qui la soutient, présentement au bord de la ruine, par une plage de galets.