Dix compagnies pétrolières et gazières mondiales, poids lourds du secteur, se sont engagées vendredi à investir et collaborer davantage pour contribuer à la lutte contre le changement climatique, en amont de la conférence mondiale de Paris sur le climat (COP21) en décembre.

Ces groupes, qui assurent près d'un cinquième de la production mondiale d'hydrocarbures et fournissent environ 10 % de l'énergie de la planète, appellent à «un accord efficace sur le climat» lors de la COP21 et soutiennent l'objectif de contenir le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius.

«C'est un défi pour l'ensemble de la société. Nous sommes prêts à jouer notre rôle. Au cours des prochaines années, nous renforcerons nos actions et nos investissements visant à réduire l'intensité en carbone du mix énergétique mondial», ont assuré les dirigeants de BG Group, BP, Eni, Pemex, Repsol, Saudi Aramco, Reliance Industries, Royal Dutch Shell, Statoil et Total dans une déclaration commune.

Regroupées au sein de l'OGCI (Oil and Gas Climate Initiative) depuis 2014, «nos compagnies sont prêtes à collaborer dans un certain nombre de domaines afin d'obtenir davantage que la somme de leurs efforts individuels», ont-ils ajouté.

Cette collaboration se traduira par «des actions pratiques, significatives et basées sur la technologie» dans différents domaines, afin de faire face à une demande croissante d'énergie dans le monde en réduisant l'impact sur le climat.

Les membres de l'OCGI veulent travailler sur l'efficacité énergétique en améliorant les carburants et véhicules, développer les énergies renouvelables et le gaz naturel, présenté comme l'énergie fossile la moins polluante, éliminer le torchage de routine et réduire les émissions de méthane de leurs opérations, ou encore favoriser la recherche et le développement (R et D) notamment sur la capture du carbone.

«La technologie peut fournir la solution pour le futur», a déclaré le directeur général du français Total, Patrick Pouyanné, lors d'une conférence de presse avec sept de ses homologues à Paris.

«Nous sommes concurrents, mais nous pouvons aussi coopérer», a souligné le dirigeant du géant britannique BP, Bob Dudley.

Huit des dix grandes compagnies, parmi lesquelles ne figure aucune américaine, ont déjà diminué d'environ 20 % les émissions de gaz à effet de serre de l'ensemble de leurs opérations depuis 2005, affirment-elles.

«Nous poursuivrons nos efforts pour contribuer à faire baisser la trajectoire actuelle des émissions mondiales» de gaz à effet de serre, ont-elles dit, reconnaissant que la tendance actuelle n'était «pas compatible» avec l'objectif de 2 degrés.

Très critiques, les associations de défense de l'environnement ont réagi avec scepticisme.

«Les pyromanes ne sont pas de bons pompiers», a réagi Charlie Kronick, de Greenpeace. Pour lui, la conférence de Paris sera l'occasion de progresser significativement vers un modèle énergétique 100 % renouvelable d'ici à 2050, mais «les majors pétrolières s'opposent fondamentalement à cette vision et chercheront activement à la saper à Paris».

«Leur dernière intervention ne contient rien de sérieux qui contribuera significativement à la décarbonisation de l'économie mondiale», a-t-il ajouté dans un communiqué.

L'ONG InfluenceMap a publié un rapport dans lequel elle dénonce le «double langage» des majors en matière de politique climatique, et notamment le fossé qui existe, selon l'organisation, entre leurs activités de lobbying et leurs déclarations publiques de bonnes intentions.

Les dix compagnies pétrolières et gazières, qui pompent l'équivalent de quelque 29 millions de barils pétrole par jour, se sont engagées à soutenir les cadres d'action pour le climat qui seront mis en place par les États, mais elles ne se fixent pas d'objectif chiffré et ne se prononcent pas sur le prix du carbone.

«Ce n'est pas du blablabla», a assuré le directeur général de l'espagnol Repsol, Josu Jon Imaz, en soulignant que cette stratégie climatique permettrait aussi aux groupes concernés d'accroître leur compétitivité.