La Commission nationale chargée d'enquêter sur les causes de l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique en avril 2010 a préconisé mardi la création d'une agence indépendante chargée de la sécurité de l'exploitation pétrolière en mer.

Elle a aussi préconisé de rehausser les pénalités financières.

La Commission, composée de sept experts et créée par la Maison-Blanche après la plus grave marée noire de l'histoire des États-Unis, provoquée par l'explosion de la plateforme exploitée par le groupe britannique BP, a publié ses recommandations dans un rapport de plus de 300 pages.

«La catastrophe exige rien de moins qu'une refonte totale des pratiques de l'industrie pétrolière et de la supervision du gouvernement», affirme le rapport de la Commission, qui avait déjà dénoncé des erreurs «systémiques», relevant de pratiques habituelles dans le secteur tout entier.

«Les causes sont systémiques, et sans des réformes significatives à la fois des pratiques industrielles et des politiques gouvernementales, cela peut arriver à nouveau», assure le rapport qui ne remet pas en cause l'exploitation pétrolière en mer en soi. «On ne doit pas abandonner le forage en eaux profondes», dit la Commission co-dirigée par William Reilly, ancien président de l'agence américaine pour l'environnement (EPA) sous Ronald Reagan.

La plateforme Deepwater Horizon, qui se trouvait à quelque 80 km de La Nouvelle-Orléans, était la propriété du groupe suisse Transocean et avait été en partie construite par le groupe américain Halliburton. Son explosion le 20 avril a fait 11 morts et répandu des centaines de millions de litres de brut dans le Golfe du Mexique jusqu'à la fermeture du puits quatre mois plus tard seulement.

Le rapport des experts ne mâche pas ses mots: «les causes immédiates de l'explosion peuvent être trouvées dans une série d'erreurs identifiables de la part de BP, Halliburton et Transocean, qui révèlent de tels manquements dans la gestion des risques qu'il y a de quoi douter de la culture de sécurité de l'industrie toute entière». Selon M. Reilly, le taux d'accidents mortels sur les plateformes offshore américaines est bien supérieur à celui des industries pétrolières étrangères.

Le rapport de la Commission donne une feuille de route au Congrès pour qu'il engage de multiples réformes du secteur. Il sera présenté en commissions à la Chambre et au Sénat à partir du 26 janvier.

Comme pour le secteur nucléaire après la catastrophe de Three Mile Island en 1979, la Commission préconise la création d'une agence indépendante ayant pour mission, au sein du ministère de l'Intérieur, «de surveiller tous les aspects sécuritaires du forage en haute mer». Concrètement, il s'agirait de scinder en trois l'ancien MMS, le service de gestion des ressources minières, tellement critiqué après la catastrophe et déjà rebaptisé Bureau of Ocean Energy Management, Regulation and Enforcement (BOEMRE).

La Commission presse aussi le Congrès de prévoir «un financement stable et adéquat» de ces nouvelles instances ainsi que des gardes-côtes.

Elle s'intéresse également aux dédommagements estimant que l'actuelle limite de 75 millions de dollars - respectée s'il est déterminé qu'il n'y a pas eu faute grave de la part des groupes industriels - est «relativement modeste» et «ne pousse pas l'industrie à améliorer ses procédures de sécurité».

Dans le cas de Deepwater Horizon, BP a été d'accord pour aller bien au-delà de ces 75 millions. Un fonds d'indemnisation de 20 milliards de dollars a été mis en place. «Mais il n'est pas garanti que d'autres compagnies fassent de même à l'avenir», s'inquiète la Commission.