La crise financière sera à l'ordre du jour de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Stephen Harper ce midi à Québec. Le président français entend profiter de son passage dans la vieille capitale pour discuter du rôle que pourrait jouer le Canada dans les réformes qu'il souhaite apporter au système capitaliste.

«Par son poids international et son modèle socioéconomique original, au carrefour des systèmes européen et américain, le canada peut apporter une contribution essentielle à cette réflexion», a déclaré Nicolas Sarkozy en entrevue éditoriale avec La Presse. Peu de temps après son arrivée en sol québécois, le président français dînera avec le premier ministre Stephen Harper et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Le sommet entre l'union européenne et le canada prendra donc la forme d'un «déjeuner de travail» qui durera une heure, selon le programme officiel de M. Sarkozy.

Le président français a affirmé à La Presse, dans une entrevue écrite publiée dans nos pages forum, qu'il évoquera lors de cette rencontre le sujet de la crise financière qui secoue actuellement les marchés américains et européens. Les autres dossiers, comme un éventuel accord économique entre le canada et l'union européenne auquel tient tant Jean Charest, seront relégués «un peu au second plan», a affirmé hier le secrétaire d'état chargé de la coopération et de la Francophonie, Alain Joyandet. Le premier ministre Charest risque de rester sur son appétit, lui qui a fait de cet éventuel accord une priorité. Mercredi, son ministre du développement économique, Raymond Bachand, dégonflait déjà les attentes à ce sujet.

Le sommet Canada-UE donnera une «impulsion définitive» à ce projet d'accord économique, mais les négociations ne seront pas lancées avant des mois, a-t-il dit. Un capitalisme réformé si Stephen Harper s'est jusqu'à maintenant peu prononcé sur sa vision de la crise à l'échelle mondiale, Nicolas Sarkozy prône rien de moins qu'une réforme du système capitaliste. «Ma conviction, c'est que cette crise financière n'est pas la crise du capitalisme, ni celle de l'économie de marché, écrit Nicolas Sarkozy. C'est au contraire la crise d'un système qui s'est éloigné des valeurs les plus fondamentales du capitalisme.» de profondes réformes doivent selon lui être menées: «notre responsabilité est de remettre à plat le système financier et monétaire mondial, comme cela avait été fait à Bretton Woods après la seconde guerre mondiale. On ne peut pas continuer à gérer l'économie du 21e siècle avec les instruments de l'économie du 20e.» M. Sarkozy croit que le marché doit être «encadré par des règles claires et transparentes». Le rôle des banques et la rémunération de leurs dirigeants doivent être revus, les agences de notation, contrôlées, et les transactions doivent être plus transparentes.