Freeheld, un drame sur les droits des homosexuels, a été influencé par le même genre de changements de société qu'il dépeint.

Entre la genèse et la réalisation du projet, la Cour suprême des États-Unis a voté en faveur de la légalisation du mariage entre conjoints de même sexe, et l'une des vedettes du film, Ellen Page, a publiquement dévoilé son homosexualité.

Freeheld raconte l'histoire de la policière du New Jersey Laurel Hester et de sa bataille pour permettre à sa conjointe Stacie Andree de bénéficier des mêmes avantages sociaux que les épouses de mariages hétérosexuels.

Le film, qui prendra l'affiche le 16 octobre, est inspiré du court métrage documentaire du même titre de Cynthia Wade, oscarisé en 2007.

Hester, une policière comptant 23 années d'expérience et interprétée par Julianne Moore, était atteinte d'un cancer du poumon en phase terminale lorsqu'elle a voulu faire transférer son régime de pension, à son décès, à sa conjointe Stacie Andree (Ellen Page), comme l'aurait fait un couple marié hétérosexuel. Un comité de fonctionnaires a cependant refusé d'accéder à sa demande et l'affaire est devenue une histoire nationale.

Le long métrage, réalisé par Peter Sollett et scénarisé par Ron Nyswaner, raconte le plongeon de Hester et Andree - deux femmes humbles et discrètes - dans le militantisme pour les droits des homosexuels. Le tout s'est déroulé alors même que la maladie de Hester progressait. Elle est décédée en 2006, à l'âge de 49 ans, peu après que le comité eut renversé sa décision.

«C'est tellement personnel, tellement incroyablement personnel, confie Moore. On nous en a vraiment confié beaucoup.»

Ce sentiment, il semble avoir été ressenti par toute l'équipe impliquée dans la création de Freeheld. Stacie Andree a participé au long métrage, rencontrant les deux actrices principales, visitant le plateau de tournage et assistant à l'émouvante première du film au Festival international du film de Toronto.

L'expérience a été particulièrement personnelle pour Ellen Page, qui s'est jointe au projet plusieurs années avant de déclarer elle-même publiquement son homosexualité, en 2014. L'actrice de 28 ans affirme que Freeheld l'a aidée à composer avec ses propres difficultés, alors qu'elle cachait toujours son orientation sexuelle.

Julianne Moore dit pour sa part qu'être témoin de l'expérience de sa collègue lui a donné une nouvelle perspective.

«Il y avait là cette jeune personne, qui vivait cette expérience sans doute très isolante, et qui s'est sentie si libérée d'enfin pouvoir jouer un personnage dans une relation homosexuelle, raconte Moore. J'ai plusieurs amis qui sont passés par là, mais ça m'a permis de personnaliser (l'expérience). J'ai été très touchée par elle, sa vulnérabilité et son ouverture.»

Peter Sollett, à qui l'on doit Nick and Norah's Infinite Playlist, a amorcé la production de Freeheld en sachant que la Cour suprême se pencherait sans doute sur le mariage gai et que sa décision aurait une influence sur le climat social à la sortie du film.

«Nous nous disions que si (les juges de la Cour suprême) se positionnaient contre, nous aurions un film rappelant aux gens pourquoi il est si important de lutter pour cette cause, tandis que s'ils se montraient en faveur du mariage gai, nous aurions un film pouvant rappeler aux gens qu'il est primordial de (...) pousser encore davantage pour l'égalité des droits.»