Doyen des cinéastes en activité, le Portugais Manoel de Oliveira fêtait mardi ses 104 ans en continuant de travailler malgré de récents problèmes de santé et les difficultés à trouver les moyens de financer ses prochains projets.

Enregistré à l'état civil le 12 décembre 1908 à Porto, dans le nord du Portugal, le metteur en scène est en réalité né la veille et sa famille devait se réunir mardi pour célébrer son anniversaire.

Hospitalisé pendant une semaine en juillet dernier, en raison de problèmes pulmonaires, le réalisateur «s'en est bien remis, mais son médecin veut qu'il sorte le moins possible par ce temps froid», a indiqué sa fille, Adelaide Maria Trêpa, à l'AFP.

«Il continue de travailler chez lui», a-t-elle affirmé en précisant que son père avait terminé le scénario d'un prochain film, L'Église du diable, inspiré de l'auteur brésilien Machado de Assis, et qu'il travaillait actuellement sur celui d'un nouveau court métrage.

Aucun calendrier n'est prévu pour le tournage de ces projets, a toutefois indiqué Mme Trêpa.

Le film L'Église du diable est «en phase de préproduction, en attente de financement», a précisé le producteur Luis Urbano, de la société O Som e a Furia.

«L'Institut du cinéma et de l'audiovisuel n'a pas ouvert de concours cette année donc nous cherchons des financements ailleurs, au Brésil notamment», a-t-il expliqué en regrettant la «situation dramatique» que vit le cinéma portugais alors que le pays, sous assistance financière internationale, est soumis à d'importantes restrictions budgétaires.

Malgré ces difficultés, le réalisateur «a très envie de tourner et de continuer à faire ce qu'il a fait toute sa vie», a ajouté le producteur.

Le plus récent film de Manoel de Oliveira, Gebo et l'ombre - une comédie dramatique adaptée de la pièce éponyme du Portugais Raul Brandao, avec les acteurs Michael Lonsdale, Claudia Cardinale et Jeanne Moreau -, a été présenté l'été dernier à la Mostra de Venise.

Au printemps, il a encore tourné un court métrage sur Guimaraes, ville du nord du Portugal désignée capitale européenne de la Culture 2012.

Depuis ses débuts derrière la caméra, encore au temps du cinéma muet, Oliveira a réalisé une cinquantaine de films de fiction et de documentaires, une oeuvre marquée par une perpétuelle interrogation sur le sens de la vie et de la mort.