Les Films Séville (Deux jours à tuer) espèrent racheter 48 films canadiens et étrangers en cours de production que Christal Films (Les 3 p'tits cochons) devait distribuer, a appris La Presse. La Cour supérieure décidera demain si elle autorise l'achat.

Christal Films, placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers depuis le 16 mai, a offert aux acquéreurs les 58 films en cours de production qu'elle s'était engagée à distribuer et pour lesquels elle devait encore verser plus de 8 millions pour les minimums garantis aux producteurs.

Le syndic chargé du dossier a reçu six offres. Celle des Films Séville, pour 21 films canadiens et 27 films étrangers, a été considérée la plus «avantageuse», lit-on dans la requête déposée en cour. Le montant offert par Séville ainsi que le détail des offres soumises est confidentiel.

La requête précise que la transaction permettra à Christal Films de présenter un plan d'arrangement viable à ses créanciers. De leur côté, les producteurs pourront poursuivre leurs projets «aux mêmes conditions qu'avant». Enfin, cet achat permettra à Christal de s'acquitter de sa dette auprès de ses créanciers garantis.

Ce n'est pas la première fois que les chemins de Séville et de Christal se croisent. C'est en effet Séville qui a distribué en salle en juin Young People Fucking, d'abord acquis par Christal. C'est avec Séville, aussi, que l'actionnaire majoritaire de Christal Films Distribution, Maple Pictures, s'est alliée pour distribuer ses films au Québec. Maple avait rompu son partenariat avec Christal en mai 2007.

Alors que Christal Films Distribution flanche sous le poids des dettes (plus de 21 millions, selon les documents déposés en cour), Les Films Séville, rachetés l'an dernier par Entertainment One (E1), n'en finissent plus de grossir. E1 a annoncé la semaine dernière le rachat de trois sociétés de production et du partenaire de Séville, Maximum Films. Maximum, fondée il y a un an par Robert Lantos, détient les droits d'Adoration, d'Atom Egoyan.

En entrevue à La Presse la semaine dernière, Patrice Théroux, président de la division filmée d'E1 et ancien d'Alliance, n'a pas caché l'intérêt de son entreprise pour toute occasion de croissance: «Quel que soit le territoire où nous opérons, s'il y a des possibilités de consolider des opérations de librairie, on est toujours intéressés.»

Le coprésident des films Séville, David Reckziegel, n'a pas rappelé La Presse hier pour commenter la nouvelle. La cour dira demain si elle accepte l'offre de Séville. Elle devra aussi se prononcer sur la demande de Christal de prolonger de 30 jours sa protection en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers.