Slumdog Millionaire est peut-être en route pour les Oscars à Hollywood, mais dans les bas-fonds de Mumbai (ex-Bombay), l'accueil était plus réservé vendredi, à l'occasion de sa sortie sur les écrans d'Inde.

Dans le bidonville de Nehru Nagar, dans le nord de Mumbai, où une bonne partie du film à petit budget, dirigé par le Britannique Danny Boyle, a été tournée, c'était au mieux l'indifférence qui a reçu le film.

Le cinéma du quartier n'avait pas l'intention de mettre à l'affiche la version en hindi, Slumdog Crorepati, et les habitants, qui n'ont pas d'argent à y consacrer, préfèrent largement aller voir les «blockbusters» de Bollywood quand par extraordinaire ils se payent le cinéma.

En outre, jeudi, des habitants de quartiers pauvres de la ville ont manifesté contre le titre du film, qu'ils jugent insultant et contre lequel ils entendent porter plainte. Le scénariste Simon Beaufoy a expliqué qu'il ne fallait rien y voir de péjoratif, et qu'il avait «juste inventé le mot» (en mélangeant «slum»: bidonville et «dog»: chien, NDLR).

«Je ne suis pas un chien», ou «Pauvreté à vendre», pouvait-on lire sur leurs banderoles alors qu'ils manifestaient devant le domicile d'Anil Kapoor, un des acteurs du film, qui a lui-même grandi dans un bidonville. «C'est un film d'espoir, une inspiration considérable pour les enfants de toute l'Inde», jugeait l'acteur mercredi au cours d'une conférence de presse de toute l'équipe.

Le film a suscité la controverse en Inde. Certains sont fiers et ravis de voir un film et des acteurs indiens favoris pour les Oscars à Hollywood après avoir raflé quatre Golden Globes. D'autres déplorent que le succès aille à un film qui met l'accent sur la pauvreté du pays et en donne une image qu'ils estiment trop négative.