En compétition à la Berlinale mercredi, Shahada, premier long métrage d'un jeune cinéaste germano-afghan, scrute les divers visages de l'islam et les peurs des occidentaux, à l'instar de plusieurs films du cru 2010.

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«En lieu et place du sensationnel et des stéréotypes, ce que ces films offrent, c'est une nouvelle image de l'islam», commentait le magazine spécialisé Hollywood Reporter.

Shahada (Foi) dont le titre fait référence au premier pilier de l'islam, la profession de foi, est en lice avec 19 autres longs métrages pour les Ours d'or et d'argent décernés samedi.

«Dieu aime toutes les couleurs, tous les visages. Je voulais montrer que le musulman, ce n'est pas forcément un Arabe avec une barbe: l'islam est très divers, il existe dans tous les pans de nos sociétés et dans chaque pays, on le vit différemment», a déclaré à la presse Burhan Qurbani, 29 ans.

«On récolte des petits bouts d'information dans les média, et cela alimente une peur contre laquelle nous voulions lutter, en faisant ce film», a-t-il dit.

«Posez-vous des questions à propos de cette foi qui vous entoure: c'est celle du chauffeur de taxi ou du vendeur de kebabs, mais aussi du psychologue ou de l'avocat!» a poursuivi le réalisateur, dont Shahada est le film de fin d'études.

«Nous aussi nous sommes allemands, il va falloir vous y faire! La tolérance commence là où s'arrête l'étrangeté», a-t-il lancé en riant. «Je suis un musulman 2.0, une version modernisée!»

Dans Shahada, trois jeunes musulmans berlinois d'origines différentes voient la foi héritée de leurs parents ébranlée par les évènements.

La fille d'un imam libéral d'origine turque vit une crise de conscience après avoir avorté, tandis qu'un Germano-nigérian fréquente l'école coranique tout en éprouvant un amour contraire à sa foi, pour un autre homme.

Le troisième, policier, retrouve par hasard une jeune Bosniaque musulmane qu'il a blessée par balles, trois ans auparavant, lui faisant perdre son bébé. Il entame avec elle une liaison basée sur la culpabilité.

Bien que ce film tire lourdement sur la corde mélodramatique avec des situations pas toujours plausibles, il donne une image complexe et nuancée de la place de la foi et de la religion musulmane dans une société occidentale.

De la comédie au drame social, d'autres films explorent ce thème.

La star de Bollywood Shah Rukh Khan a présenté My Name is Khan qui évoque la discrimination subie par les musulmans aux États-Unis après les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Il y prêche la tolérance à travers les États-Unis.

En compétition jeudi, On the Path, de la Bosniaque Jasmila Zbanic, met en scène un jeune homme qui s'éloigne de sa femme après avoir trouvé un emploi dans une communauté musulmane wahhabite conservatrice.

Programmé à la section parallèle Panorama, When We Leave de Feo Aladag soulève la question des crimes dit «d'honneur». Une jeune Turque fuit avec son enfant Istanbul où son mari la rend malheureuse, pour Berlin où sa famille va la rejeter. Pour Feo Aladag, «nombre de jeunes Allemands d'origine turque se sentent rejetés dans les deux sociétés».

L'actrice de When We Leave est Sibel Kekilli, une jeune Allemande d'origine turque révélée par Head-On de Fatih Akin, Ours d'or en 2004. Elle a elle-même été rejetée par sa famille, après avoir tourné dans des films pornographiques.