Le duo derrière Madame Tutli-Putli vient d'ajouter un opus à sa jeune mais déjà originale filmographie. Avec Higglety Pigglety Pop! Or There Must Be More to Life, présenté en première mondiale au Festival international du film pour enfants de Montréal demain, Chris Lavis et Maciek Szczerbowski poursuivent leur singulière exploration du monde de l'animation, entourés cette fois de l'ONF, mais aussi du cinéaste Spike Jonze.

Depuis la sortie de leur film d'animation Madame Tutli-Putli en 2007, Chris Lavis et Maciek Szczerbowski n'ont pas chômé. Le merveilleux voyage de Madame Tutli-Putli les a d'abord amenés à Cannes, puis aux Oscars, où le film était en nomination en 2008. Leur chemin a croisé celui du réalisateur chouchou des indépendants Spike Jonze, l'un des producteurs de Higglety Pigglety Pop!

«Tout a commencé à Cannes: on a d'abord reçu un coup de téléphone pour déjeuner avec Spike Jonze qui préparait Where The Wild Things Are. On était vraiment très excités, et les choses se sont mises en place», raconte Chris Lavis, qui rencontrait cette semaine quelques médias montréalais.

Comme le dernier film de Spike Jonze, Higglety Pigglety Pop! Or There Must Be More to Life est adapté d'un livre de Maurice Sendak. « Ce que j'aime de cette histoire de Maurice, c'est qu'il n'y a pas de morale. Ce n'est pas le genre de récit censé amener les enfants à devenir meilleurs «, dit Chris Lavis.

Higglety Pigglety Pop! raconte l'histoire de Jennie, une chienne gâtée par la vie. Elle a tout, mais est-ce suffisant? Pour en avoir le coeur net, elle prend ses cliques et ses claques et part réaliser son rêve : devenir la vedette du Théâtre de Ma Mère l'Oye.

Mêlant marionnettes et vrais acteurs, le moyen métrage est l'heureuse rencontre de talents montréalais (les réalisateurs, mais aussi les comédiennes Andrée Juteau et Nathalie Claude) et de voix d'artistes connus, tels Forest Whitaker, Spike Jonze et Meryl Streep.

C'est à New York que les réalisateurs ont dirigé et enregistré la voix de cette grande habituée des Oscars. « Ç'a été la plus grande expérience professionnelle de ma vie : je n'ai jamais travaillé avec quelqu'un d'aussi patient et gracieux «, se souvient Chris Lavis.

Higglety Pigglety Pop! Or There Must Be More to Life allie avec grâce une esthétique vintage à la manipulation numérique. La rencontre entre l'ancien et le moderne est la philosophie du duo, précise Chris Lavis. « J'aime les films des années 80, un peu comme Labyrinth (de Jim Henson) », dit Chris Lavis.

En DVD

Présenté en première dimanche, Higglety Pigglety Pop! Or There Must Be More to Life sortira aussi sur la version Blu-Ray du DVD de Where The Wild Things Are. Chris Lavis ne cache pas sa nervosité. « Je suis beaucoup plus nerveux que pour Madame Tutli-Putli, qu'on avait fait en quatre ans. Celui-ci a été fait en dix mois et j'espère que la vitesse traduit quand même l'émotion «, poursuit-il.

Si le duo planche sur un long métrage et garde un oeil sur les États-Unis - il devrait élaborer le scénario du film au Sundance Film Institute - et sur l'étranger, c'est à Montréal qu'il restera établi: « On aime l'idée de travailler encore et encore avec les mêmes gens «, dit-il.

C'est au hasard d'un cours d'histoire à l'Université McGill que Lavis et Szczerbowski se sont rencontrés. « On a commencé à se voir tous les jeudis autour d'une bière, mais c'est vraiment quand on a commencé à partager un studio pour le travail qu'on s'est mis à écrire «, dit Chris Lavis.

En 1997, ils fondent un partenariat appelé Clyde Henry, qui oeuvre d'abord dans la fabrication d'affiches pour Momentum, la troupe de théâtre dont Stéphane Crête, Céline Bonnier et François Papineau font partie. « Ils ont vraiment eu une grosse influence sur nous avec leur façon de combiner avant-garde et «alimentaire» «, estime-t-il.

Très tôt, l'envie de faire un film a germé. « Quelque chose de magique s'est produit avec Maciek. On a tout de suite su que c'était très spécial. Il fallait nos deux esprits médiocres combinés pour créer un grand artiste «, s'amuse-t-il.

The White Circus, leur premier long métrage, combinera aussi des acteurs et des marionnettes. Les Montréalais ont-ils trouvé leur marque de fabrique? Chris Lavis espère que non : « Toutes les histoires sont différentes et peuvent nécessiter un savoir-faire différent. On ne veut pas être prisonniers de notre façon de faire », dit-il.

Higglety Pigglety Pop! Or There Must Be More to Life, de Chris Lavis et Maciek Szczerbowski, sera présenté demain au cinéma Beaubien dans le cadre du FIFEM. Les réalisateurs et les marionnettes seront aussi sur place. www.fifem.com