Le réalisateur iranien Jafar Panahi, qui avait affiché son soutien à l'opposition lors des mouvements de contestation post-électoraux en Iran, a été placé en détention, a déclaré mardi le procureur de Téhéran.

Le réalisateur, âgé de 49 ans, a été arrêté lundi soir à son domicile de la capitale iranienne, avec une personne qui se trouvait en sa compagnie, a précisé le procureur Abbas Jafari Dowlatabadi, dont les propos étaient rapportés par l'agence de presse officielle IRNA.

«La détention de Jafar Panahi n'est pas liée à sa profession artistique et n'a aucun aspect politique», a affirmé le procureur, précisant que le réalisateur était suspecté d'avoir commis des «délits», sans donner davantage de détails quant à la nature de ces délits. L'enquête est en cours, a-t-il ajouté.

Le réalisateur avait apporté son soutien au mouvement réformiste après l'élection présidentielle contestée de juin dernier, à l'issue de laquelle le président Mahmoud Ahmedinejad a été reconduit dans ses fonctions. M. Panahi avait été brièvement emprisonné durant l'été, après s'être rendu sur les tombes des victimes des troubles post-électoraux, et il avait été frappé d'une interdiction de sortie du territoire.

Ancien assistant du réalisateur Abbas Kiarostami, Jafar Panahi avait notamment reçu l'Ours d'argent au Festival du film de Berlin pour son film Offside en 2006 et le Prix du jury de la sélection Un certain regard du Festival de Cannes pour son film L'or pourpre en 2003. La plupart de ses films ont été interdits de distribution en Iran.

Le site internet réformiste Kaleme a rapporté que Jafar Panahi avait été arrêté alors qu'il recevait une douzaine de convives à son domicile. La femme et la fille du réalisateur ont également été placées en détention et leur domicile a été perquisitionné par des agents de sécurité, a précisé le site.

La réélection de Mahmoud Ahmadinejad a été contestée par un grand nombre de personnalités publiques, parmi lesquelles des réalisateurs et des chanteurs ayant exprimé leur soutien à l'opposition et critiqué la sévère répression orchestrée par le gouvernement contre les manifestants.

L'opposition iranienne conteste l'élection présidentielle, estimant qu'elle a été entachée de fraudes et que la victoire aurait dû revenir au chef de l'opposition Mir Hossein Moussavi.