Le réalisateur grec Theo Angelopoulos est décédé mardi soir à l'âge de 76 ans, d'une hémorragie interne dans un hôpital près du Pirée, où il avait été admis après avoir été renversé par un motard dans la rue, a-t-on appris de source hospitalière.

«Il avait été admis dans l'unité des soins intensifs, il souffrait de graves blessures crâno-encéphaliques, d'hémorragie interne, de plusieurs fractures partout, au thorax, au bassin, à son pied droit et son bras gauche», a indiqué à l'AFP Georges Géorgiades, directeur de l'unité des soins intensifs de la clinique privée Metropolitan.

«Il a même subi des arrêts de coeur au cours de son hospitalisation avant d'être admis dans la salle d'opération (...) mais finalement il a succombé à ses blessures», a ajouté M. Géorgiades.

Angelopoulos avait été transféré à un hôpital du Pirée mardi vers 12h30, après avoir été grièvement blessé par un motard alors qu'il était en train de traverser le périphérique près de la banlieue de Kératsini au Pirée, port proche d'Athènes.

Il a succombé à ses blessures quatre heures plus tard, vers 16h30.

Lors de l'accident, il était en train de tourner son dernier film, L'autre mer.

«Nous sommes tous en deuil pour le grand réalisateur, qui avec son oeuvre a honoré la patrie», a déclaré le porte-parole du gouvernement Pantélis Kapsis quelque minutes après son décès.

Figure maîtresse du cinéma grec

Angelopoulos avait remporté la Palme d'or à Cannes en 1998 pour L'Éternité et un jour, un long-métrage en forme de réflexion intense sur la mort.

Auteur d'une quinzaine de films, Angelopoulos avait marqué la critique avec son chef d'oeuvre Le Voyage des comédiens (1975), un émouvant film-fresque de quatre heures traversant les épisodes douloureux de l'histoire grecque contemporaine, composé de longs et lents plans-séquences quasi-silencieux propices à la réflexion, comme dans la majorité de son oeuvre.

Né le 27 avril 1935 à Athènes, Angelopoulos a interrogé, de façon poétique et silencieuse, les problèmes sociaux et l'histoire de la Grèce, tout en posant un point de vue esthétique et expérimental sur le cinéma.

Après avoir voulu devenir écrivain ou poète, Théo Angelopolos, qui avait étudié le droit, avait poursuivi ses études à Paris en 1962 et 1963, à l'Institut des Hautes études cinématographiques (Idhec).

L'un de ses grands films, Alexandre Le Grand (1980), dénonce le totalitarisme, entre rêve, méditation et mythes revisités, et a obtenu le Lion d'Or à Venise en 1980.

En 1984, Voyage à Cythère conte l'histoire d'un vieux communiste exilé en URSS après la guerre civile (1945-1947) et qui revient en Grèce, sans parvenir à raccrocher ses rêves à la réalité.

En 1986, Angelopoulos réalise L'Apiculteur avec Marcello Mastroianni dans le rôle-titre. Deux ans plus tard, il remporte le Lion d'Argent à Venise pour Paysage dans le brouillard.

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