Le Festival des films du monde de Montréal (FFM) a dévoilé mardi la programmation de sa 39e édition, avec une compétition officielle qui ne comporte pas de très grands noms mais qui prévoit un tour du monde en 26 longs métrages de 31 pays.

En entrevue téléphonique, le président fondateur du festival, Serge Losique, défend sa sélection: «Quand un journaliste dit: "il n'y a que de parfaits inconnus..." - mais mon dieu! Ce sont les inconnus qui ouvrent les nouvelles frontières artistiques!».

Un seul film canadien est en lice pour le Grand Prix des Amériques: Mes ennemis, avec Louise Marleau et le jeune Frédéric Lemay, deuxième long métrage du Québécois Stéphane Géhami, qui avait réalisé il y a sept ans En plein coeur.

Denis Villeneuve, Jean-Marc Vallée, Anne Émond, Philippe Falardeau, André Turpin, Guy Édoin et Denis Côté (court métrage) ont tous choisi de présenter leur nouvelle oeuvre - en première ou non - au festival de Toronto, qui s'ouvre une semaine plus tard.

Un seul film français est aussi en compétition officielle au FFM: Fou d'amour, de Philippe Ramos (Jeanne Captive, 2011), mettant en vedette Melvil Poupaud en curé aimé mais aussi amant, un fait divers qui avait défrayé la chronique en France à la fin des années 1950. Le film, présenté comme une «comédie dramatique», met aussi en vedette Dominique Blanc et Jacques Bonnaffé.

Par ailleurs, 25 longs métrages seront présentés dans la section «premières oeuvres mondiales», qui réserve parfois de belles surprises - et qui annonce peut-être les prochains Godard ou Truffaut, rappelle M. Losique.

Le jury, présidé par l'écrivain Dany Laferrière, est composé de l'actrice italienne Tea Falco, du réalisateur catalan Ventura Pons, du critique américain Peter Rainer, du directeur adjoint du Festival international de cinéma de Guadalajara, Gerardo Salcedo, et du réalisateur mexicain Luis Urquiza, lauréat du Grand Prix des Amériques et du Prix Glauber-Rocha pour le meilleur film de l'Amérique latine au FFM l'an dernier, avec Obediencia Perfecta, son premier long métrage de fiction.

Le FFM soutient sur son site Internet que le nombre de films soumis cette année pour inscription est inégalé. «Plus de 2000 longs et courts métrages (en proportion égale) ont été examinés par le comité de sélection, ce qui ne tient pas compte des films visionnés lors de festivals à l'étranger», écrit-on.

Une brigade d'une douzaine de «sélectionneurs» - dont le critique Michel Coulombe - parcourent le monde et les festivals pour repérer des films. Ensuite, un comité de trois personnes, dont Serge Losique, sélectionne les films qui figureront dans la compétition - encore faut-il qu'ils n'aient pas déjà été présentés à l'extérieur de leur pays d'origine.

Par ailleurs, le FFM avait décidé cette année de présenter sa programmation en mode virtuel, répondant ensuite par écrit aux questions que des journalistes avaient laissées dans un forum de discussion. M. Losique a quand même accepté d'accorder une entrevue à La Presse Canadienne, dans laquelle il a souligné la belle présence encore cette année du cinéma iranien - dont un film en compétition officielle, et un autre dans la section compétitive «premières oeuvres mondiales».

Il est vrai que le FFM a noué avec le temps une relation particulière avec l'Iran, «un pays extrêmement culturel (...), de très grande cinématographie, aussi bien avant que sous le régime actuel», dira M. Losique.

Interrogé sur son avenir au sein du FFM, le président-fondateur a d'autre part indiqué qu'il serait «fort possiblement» là l'an prochain. «Regardez même Gilles Jacob, qui a quitté la présidence (du Festival de Cannes) après 40 ans, et qui est toujours impliqué - c'est lui qui s'occupe de la relève, des films étudiants, des premières oeuvres. Il faut connaître très bien l'histoire du cinéma», explique M. Losique. «Ne vous inquiétez pas: tant que je pourrai servir le festival, je vais le servir.»

Le FFM se tiendra à compter du 27 août, avec sa clôture habituelle à la fête du Travail, le lundi 7 septembre.