En fugue, Cédric (Émile Schneider) et William (Lenni-Kim Lalande), deux frères pas encore adultes, kidnappent Adrien (Marc Messier), un retraité apparemment sans histoire, mais marqué par une grave blessure intérieure, pour fuir les lieux d'un crime auquel ils sont associés.

S'amorce alors une indescriptible équipée à travers le Québec rural où les représentants de ces deux générations vont peu à peu se rapprocher.

Le pacte des anges est un road movie qui donne à Marc Messier un rôle très singulier. Nous en avons discuté avec le comédien et le réalisateur Richard Angers.

Le grand écran

En dépit de plusieurs rôles, Marc Messier n'a jamais été, de prime abord, associé au cinéma. Cette fois, il porte sur ses épaules un film indépendant. Aurait-il aimé être plus présent au grand écran? «Oui, j'aurais aimé en faire plus, confie le comédien de 69 ans. J'ai beaucoup tourné dans des séries, ce qui prenait beaucoup de temps. J'aime bien tourner au cinéma, mais c'est arrivé comme ça. Par contre, je coécris actuellement le scénario d'un film avec Gilles Noël (Jack Paradise) où je jouerais un inspecteur de police obligé de sortir de sa retraite.»

Le genre

Quelle place a le road movie dans sa carrière? «Je ne crois pas en avoir fait auparavant, répond Messier. J'ai beaucoup aimé ça parce que ça donne un rythme au film. Ici, Adrien, Cédric et William sont en fuite. Ça se passe dehors, de nuit, dans des endroits désaffectés où ils se cachent. Ils sont comme trois êtres humains en dehors du monde avec leurs problèmes. Ils vont vivre tout un clash!» Lorsqu'on lui demande de nommer un road movie qu'il a aimé, Messier répond spontanément Easy Rider. «Un film un peu culte pour d'autres raisons!»

Le personnage

Adrien, voisin sans histoire, se fond dans la couleur des murs de sa maison. «Un solitaire. Un gars plutôt triste, dit le comédien. Ce que j'ai le plus aimé de lui, c'est qu'il est très émouvant. Au départ, je ne me voyais pas nécessairement dans ce personnage, car il est très différent de moi.» Richard Angers a donné le scénario du film à Messier un 22 décembre. «Le lendemain matin, Marc m'appelait et me disait: "Tu ne donnes pas ça à personne", lance le réalisateur. J'en suis heureux parce que je l'ai fait sortir de sa zone de confort.»

La transmission

Au-delà du suspense, quelles questions fondamentales a voulu aborder le réalisateur? «Je voulais mettre en scène une histoire entre deux générations qui, d'ordinaire, ne se parlent pas. Je voulais parler des préjugés, autant d'un côté que de l'autre. Je voulais parler de paternité, de fraternité. Et le fait d'avoir deux générations distinctes permettait d'aborder la transmission de valeurs. Le fait de ne pas communiquer se solde par une perte. Mais ici, plus l'histoire avance et plus cette transmission de valeurs se fait.»

La Gaspésie

La nature ambiante impose et permet (les deux à la fois) cette transmission. Face aux forces inéluctables de la nature, les trois personnages n'ont d'autre choix que de se dire les vraies affaires. Comme décor, Richard Angers a choisi le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. Les scènes tournées au sommet du mont Jacques-Cartier sont particulièrement mémorables. Or, en raison de la protection des lieux, l'équipe a dû s'y rendre à pied, une randonnée de 2 h 30, avant de commencer son tournage. Des efforts récompensés, la nature s'étant donnée en cadeau. La brume et les caribous vus dans le film sont apparus naturellement. «Tout s'est passé exactement comme je l'avais écrit dans le scénario», s'étonne encore M. Angers.

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Le pacte des anges prendra l'affiche le 4 novembre.